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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/334

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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

cire molle, capable de contracter toutes les formes. « Ce n’est donc pas une chose indifférente que de s’accoutumer, dès l’âge le plus tendre, à agir de telle ou telle manière ; c’est au contraire une chose très-importante, ou plutôt, tout est là[1]. »

On voit qu’Aristote a de l’éducation une idée semblable à celle qu’exprimait Platon par la seconde définition que nous avons signalée dans les Lois. Du zeste, cette définition ne lui a pas échappé, et il la confirme dans le passage suivant de la Morale : « On doit considérer surtout comme signe des dispositions le plaisir ou la peine qui se joignent aux actes. Car celui qui s’abstient des plaisirs des sens, et qui trouve à cela de la satisfaction, est véritablement tempérant, au lieu que celui qui ne le fait qu’à regret est porté à la débauche ; celui qui se plaît à braver les dangers, ou du moins qui les brave sans peine, est courageux ; mais celui qui ne les affronte qu’à regret est timide. En effet, la vertu morale est relative aux plaisirs et aux peines, puisque c’est l’attrait du plaisir qui nous porte aux mauvaises actions, et la crainte de la peine qui nous détourne des bonnes. C’est pour cela qu’il faut, comme dit Platon, avoir été élevé, dès l’âge le plus tendre, de manière à ne trouver du plaisir ou de la peine que dans les choses où on le doit ; car c’est là précisément la bonne éducation[2]. »

Il est impossible de contester ce que dit Aristote sur l’influence des habitudes et sur la nécessité de les former dans la première enfance. Mais un moderne peut n’être pas d’accord avec lui au sujet du rôle qu’il attribue tout d’abord au législateur. On n’a plus de l’État la conception étroite

  1. Éthic., p. 26.
  2. Éthic., p. 28.