des, puisqu’on a vu les programmes changer avec les gouvernements qui en disposent. Que serait-ce, si ces programmes étendaient leurs exigences à l’éducation du caractère, et si l’enfant se trouvait dès sa naissance leur justiciable ?
Aristote ne songe pas plus que ses prédécesseurs au droit du père en face de l’État, droit qui nous semble aujourd’hui sacré, et auquel on craint de porter atteinte même pour imposer à tous les enfants l’instruction obligatoire ; à ses yeux la vertu elle-même est obligatoire. « Comme il y a, dit-il, un but unique, une fin qui est la même pour toute société civile, il s’ensuit que l’éducation doit être une, et la même pour tous les membres de la société, et que la direction en doit être commune, et non pas abandonnée à chaque particulier… Il est donc évident que c’est au législateur à régler cet objet, et qu’il doit le régler pour tous les citoyens[1]. »
Aussi bien que Xénophon et Platon, il se reporte à l’inévitable législation de Lycurgue : « Sous ce rapport, du moins, on peut approuver les Lacédémoniens qui ont voulu que l’éducation fût la même pour tous[2] ; » et il en soutient le principe par une raison nouvelle. Quand même on reconnaîtrait dans le père assez de raison et d’habileté pour diriger l’éducation des enfants, on ne devrait cependant pas la lui confier, parce qu’il lui manque l’autorité. « S’il faut que l’homme destiné à devenir vertueux ait été élevé sagement, et qu’il ait contracté de bonnes habitudes ; s’il doit de plus continuer à mener une vie sage et réglée, sans jamais se permettre, à dessein ou malgré lui, aucune action répréhen-