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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/341

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REVUE PÉDAGOGIQUE.

médicales de son époque, que la nôtre n’a guère dépassée pour tout ce qui tient aux règles d’hygiène dictées par le bon sens et la simple observation. Comme nos médecins, il condamne les unions précoces et les unions tardives ; il fixe avec raison à dix-huit ans l’âge du mariage pour les femmes ; en le reculant jusqu’à trente-sept pour les hommes[1], il se montre plus scrupuleux qu’on ne l’est aujourd’hui. Il souhaite pour les deux sexes une constitution moyenne, ni trop forte ni trop délicate. Enfin il prescrit pendant la grossesse une nourriture substantielle, l’activité modérée du corps, la tranquillité de l’âme[2].

Aristote admet avec Platon et toute l’antiquité la coutume d’exposer les nouveau-nés quand ils apportent quelque difformité ou imperfection corporelle ; il la recommande même et veut qu’elle soit l’objet d’une loi. C'est à ses yeux un excellent moyen, non-seulement d’épargner à la république les charges d’une éducation improductive, mais encore d’obvier à l’inconvénient d’une population trop nombreuse. Car, bien longtemps avant Malthus, Aristote a professé une opinion tout à fait semblable a celle du célèbre économiste, et conseillé les mêmes précautions que lui[3]. Il a été, ce que n’aurait jamais osé faire un moderne, jusqu’à prescrire la coupable pratique de l’avortement, qu’il trouve parfaitement légitime : « Car, dit-il, c’est sur la condition d’avoir le sentiment et la vie qu’est fondée la distinction entre ce qui est criminel et ce qui ne l’est pas[4]. » Il est inutile de réfuter ici une pareille théorie. L’opposition complète de notre

  1. Polit., p. 250.
  2. Polit., p. 251.
  3. Polit., p. 252.
  4. Ibid.