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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/342

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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

sentiment avec celui de l’antiquité sur ces deux points, l’exposition des nouveau-nés et l’avortement, montre assez quels progrès la morale peut accomplir à travers les siècles.

Aussitôt que les enfants sont nés, il faut songer à les nourrir. La qualité des aliments qu’on leur donne produit de grandes différences dans la vigueur de leurs corps. La nature indique elle-même le lait ; Aristote est d’avis, comme Hippocrate[1], qu’on y joigne le vin très-étendu d’eau. Il est à ses yeux fort important de leur laisser la liberté de tous les mouvements qu’ils peuvent faire dans les premiers temps de leur vie. « Mais, ajoute-t-il sans autre réflexion, pour empêcher que leurs membres encore tendres ne contractent quelque difformité, il y a des peuples chez lesquels on se sert de certaines machines qui sont destinées à conserver au corps une attitude régulière[2]. » L’habitude anglaise de soumettre les enfants au régime de l’eau froide[3] n’est pas une invention de ce peuple, puisqu’elle est déjà recommandée par Aristote, qui lui-même constate que chez plusieurs nations barbares on a coutume de plonger les enfants, aussitôt après leur naissance, : dans quelque rivière dont les eaux sont froides. C'est donc à l’antiquité la plus reculée qu’il faut faire remonter l’origine de l’hydrothérapie, cette médication si. fort en honneur aujourd’hui, dont l’inventeur, Priesnitz, et ceux qui l’ont suivi, n’ont fait que profiter habilement, en faisant beaucoup de bruit autour d’elle, d’une idée presque aussi vieille que le monde.

  1. De aer., loc. et aq., 56.
  2. Polit., p. 253.
  3. Voir Locke, Éduc. des enfants, ch. Ier.