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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/343

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REVUE PÉDAGOGIQUE.

Jusqu’à l’âge de cinq ans, Aristote interdit d’appliquer les enfants à aucune sorte d’instruction, à aucun travail obligé, pour ne pas arrêter leur croissance[1]. Cette prescription, en lui enlevant ce qu’elle a de trop absolu, est fort raisonnable, car l’intelligence des jeunes enfants, abandonnée à elle-même, est, comme nous l’avons dit, loin de rester inactive ; elle acquiert alors, sans effort apparent, une prodigieuse quantité de connaissances. Mais le travail du cerveau, pour n’être pas visible, n’en est pas moins considérable, et il serait imprudent de l’augmenter encore ; on troublerait ainsi l’équilibre que la nature maintient dans le développement simultané de tous les organes. L’étude proprement dite, c’est-à-dire l’effort volontaire de l’homme pour acquérir les connaissances que la nature lui refuse, ne doit intervenir que lorsqu’il a épuisé les autres. Aussi doit-on garder une juste mesure dans ces leçons de choses qui sont depuis longtemps en usage dans les écoles de l’Allemagne et des États-Unis. On risque de mettre la confusion dans l’esprit de l’enfant et de le fatiguer, lorsqu’on veut avant l’heure y faire entrer, même par les procédés les plus familiers, les notions les plus simples des sciences et des arts industriels. Nous aimerions mieux entreprendre de former une intelligence de cinq ans tout à fait inculte, mais logée dans un corps sain, qu’une intelligence soumise aux procédés décevants d’une culture prématurée quia contrarié, par réaction, le développement naturel du corps aussi bien que celui de l’esprit. Cependant il n’est pas absolument nécessaire que l’on assiste en spectateur passif à la première évolution mentale ; mais on ne doit y intervenir qu’avec

  1. Polit., p. 253.