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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/350

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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

des divers accords, de sorte que ceux qui les entendent sont affectés d’une manière toute différente par chacun d’eux. Il y en a, comme le mode mixolydien, qui disposent à un sentiment de mélancolie et de tristesse concentrée ; d’autres inspirent la mollesse et la nonchalance, comme les modes plus relâchés ; telle autre harmonie inspire un sentiment de modération et de calme, c’est l’effet que produit le mode Dorien, tandis que le Phrygien excite l’enthousiasme… Il en est de même pour ce qui concerne les rythmes : les uns indiquent des mœurs plus calmes, plus paisibles, et les autres plus de trouble et de mobilité dans les habitudes ; parmi ceux-ci, les uns marquent des mouvements plus grossiers, les autres des mouvements plus généreux. Il est donc manifeste d’après cela que la musique peut donner aux habitudes de l’âme un caractère déterminé. Si elle peut avoir une telle influence, il est évident aussi qu’il faut y avoir recours et la faire apprendre aux jeunes gens[1]. »

Nous avons déjà vu dans Platon la même opinion sur l’influence morale et pédagogique de la musique, et nous croyons que les deux philosophes l’ont un peu exagérée. La musique, il est vrai, était assez intimement mêlée aux actes de la vie des anciens ; mais, dans notre société actuelle, c’est de tous les arts celui qui s’est le plus répandu en dehors d’un cercle restreint d’amateurs, et qui a pénétré le plus profondément dans le vulgaire, de sorte qu’on peut dire que nous sommes aussi familiers que les anciens avec lui. Dans toutes les fêtes religieuses de la Grèce, la lyre et la flûte accompagnaient les hymnes chantés en l’honneur des dieux ; de nos jours un fidèle qui assiste régulièrement

  1. Polit., p. 265 et 266.