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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/351

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REVUE PÉDAGOGIQUE.

aux cérémonies de l’Église, a aussi souvent l’occasion d’entendre des chants sacrés accompagnés par l’orgue, cet instrument si varié et si puissant. Les Argiens allaient combattre au son des flûtes, les Crétois au son de la cithare : mais la musique militaire qui précède nos bataillons en marche fait retentir aux oreilles des soldats des accents aussi entraînants et plus soutenus. Nos chants patriotiques valent bien l’Io Pœan, et les Embateria de Tyrtée. Nos concours de musique, où affluent les sociétés chorales, les orphéons, les harmonies, tiennent autant de place dans notre vie que les luttes de chant et d’instruments chez les anciens. Les chœurs des tragédies et des comédies qui se faisaient entendre dans l’orchestre du théâtre de Bacchus sont de faibles essais en comparaison de nos opéras.

Or, nous doutons qu’aujourd’hui, en traitant de la pédagogie, aucun auteur songeât à mettre la musique sur le même rang que les lettres, comme moyen d’éducation morale, et consacrât à cet art plusieurs chapitres, ainsi que l’ont fait Platon et Aristote. L’influence de la littérature sur les mœurs est certainement bien plus considérable ; et cependant la littérature elle-même, en comparaison des affaires et des plaisirs, n’occupe dans l’existence de la plupart des hommes qu’une place tout à fait secondaire ; aussi, peut-on dire que, si elle agit sur les mœurs, les mœurs agissent bien plus puissamment sur elle. Nous ne croyons même pas qu’à l’école son action, en apparence beaucoup plus exclusive et moins contrariée, soit tellement intime ; car la majorité des enfants ne voit dans l’étude des lettres qu’une tâche imposée, dont les meilleurs souvent s’acquittent avec conscience, mais sans une sympathie profonde. Leur esprit, aussitôt qu’il échappe