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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/358

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UNE PAGE DE PÉDAGOGIE.

une étude ; un amusement et non un travail sérieux[1] ». On racontera aux enfants des histoires agréables, mais courtes et détachées, une page d’histoire sainte par exemple, et l’on placera sous leurs regards, s’il est possible, des gravures qui animeront le récit[2].

Quand on lit ces lignes, ne se croit-on pas transporté dans une des classes enfantines de l’Amérique, de la Suisse, de la Belgique, etc., ou dans une de nos salles d’asile les meilleures ? Même méthode, même attrait dans l’enseignement. Rollin avait devancé nos procédés. Mais ce n’est pas tout.

En rendant les enfants attentifs, en les intéressant, il veut aussi provoquer leur réflexion. On leur posera, dit-il, des questions à leur portée, et les interrogations seront si bien conduites qu’ils y trouveront les éléments d’une réponse : grande satisfaction pour ces petites intelligences qui s’imagineront tirer de leurs propres fonds les idées produites. Qui ne reconnaît ici le procédé socratique et sa puissance ? Il faut la développer. Écoutez encore Rollin.

Des éloges donnés avec sobriété et sagesse exciteront l'émulation parmi les enfants ; leur curiosité sera constamment éveillée par les réponses toujours bienveillantes, exactes et vraies, faites aux mille questions que tout suggère à cet âge ; on paraîtra parfois aussi vouloir les empêcher d’étudier, et cet innocent artifice ne pourra que stimuler leur ardeur[3]. N’y a-t-il pas là plus d’une idée que Frœbel a ingénieusement appliquée ?

Après la part faite à l’intelligence vient celle du cœur.

  1. Traité des Études, t. I, p. 51.
  2. Ibid., t. I, p. 61.
  3. Ibid., t. I, p. 52.