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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/4

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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

de la raison humaine, dont chacun reçoit, grâce aux leçons de ses parents et de ses maîtres, une part proportionnée à la capacité de ses facultés intellectuelles et morales.

Le premier devoir de l’éducation individuelle est évidemment de songer au corps. Car l’âme du nouveau-né est tellement enveloppée dans la chair, elle se manifeste par des signes si faibles et si confus, qu’un esprit superficiel pourrait douter qu’elle existe. Son corps est une sorte de masse molle, longtemps fluide, arrondie et immobile dans le sein qui la portait, et que le contact de l’air, de la lumière, le mouvement, l’assimilation d’éléments plus solides, affermiront peu à peu. Il faut donc faire arriver sur le corps de l’enfant l’air et la lumière, il faut le faire mouvoir et diriger ses mouvements, il faut le nourrir. Ce sont là les premiers soins de l’éducation, qui forment eux-mêmes la matière des premiers chapitres d’un livre de pédagogie. Les anciens n’hésitaient pas à remonter encore plus haut : ils commençaient souvent leurs traités par des préceptes sur le mariage, la génération et la gestation, Le moment arrivera bientôt où au souci du développement corporel devront s’en ajouter d’autres. Mais ce développement ne s’arrêtera pas pour cela ; la gymnastique de l’adolescence et de la jeunesse complétera l’œuvre de la nourrice.

Les sentiments moraux s’éveillent de bonne heure chez l’enfant. La nourrice, mère ou étrangère, les voit apparaître. Ainsi que ceux qui la dirigent et l’aident dans sa tâche, elle doit y apporter une attention d’autant plus vigilante que l’avenir moral d’un homme dépend en partie de la direction que ses sentiments ont brise dès la première enfance. « Les enfants, dit La Bruyère, sont hautains, dédaigneux, colères, envieux, curieux, intéressés, paresseux, volages, timides, intempérants, menteurs, dissimu-