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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/468

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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

mes préceptes fussent utiles à tous en général. Si quelques-uns, à cause de leur indigence, ne peuvent en faire usage, qu’ils accusent, non pas l’auteur, mais la fortune. Les pauvres doivent essayer de donner la meilleure éducation à leurs enfants ; mais, s’ils ne le peuvent, se restreindre au possible[1]. » C’est pourquoi son attention se porte presque immédiatement sur ce qui préoccupe un père riche dont l’enfant sort de nourrice, c’est-à-dire sur le choix d’un gouverneur.

Nous ne sommes plus, on le voit, à l’époque où l’école publique réclamait impérieusement la direction complète du cœur et de l’esprit des futurs citoyens. L’enfant pour lequel écrit Plutarque n’ira pas, comme celui dont parle Aristophane[2], à l’école de musique avec ceux du même quartier, « tous nus, serrés en bon ordre, même quand la neige tombe à gros flocons ; » il n’apprendra pas les chants religieux et patriotiques de Lamproclès, et ne sera pas criblé de coups s’il a donné de molles inflexions à sa voix ou s’est permis une bouffonnerie. Plutarque ne fait guère mention dans ses traités des écoles de l’enfance ; l’enseignement public n’existe à ses yeux qu’au degré supérieur, quand il s’adresse à la jeunesse par la bouche des rhéteurs, des philosophes et des sophistes. Il est vrai que, si l’État s’est relâché de ses exigences en matière d’éducation, cette indulgence, à en croire notre moraliste, a produit des résultats médiocres. « Ce qui arrive aujourd’hui à beaucoup de pères, dit-il, est bien ridicule. De leurs bons esclaves, ils désignent les uns comme cultivateurs, les autres comme matelots, d’autres comme mar-

  1. De Liber. Educ., p. 18.
  2. Nuées, v. 960 et suiv.