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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1880.djvu/297

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L’INSTRUCTION OBLIGATOIRE EN ALSACE-LORRAINE.

L. Chevalier, Guizot, Saint-René Taillandier, Beaudouin, I. Macé, Frédéric Monnier, etc. On formerait une bibliothèque avec les Mémoires qui ont été écrits pour ou contre l’obligation scolaire.

Les adversaires de l’obligation, à défaut d’arguments sérieux, ont eu recours à tous les sophismes et à toutes les objections spécieuses que l’esprit de parti, la prévention, la haine de l’instruction populaire et l’ignorance ont pu inventer. On a été même jusqu’à fausser les chiffres donnés par la statistique, et nier les résultats obtenus dans les pays voisins.

Malgré l’exemple des pays étrangers, malgré les désastres de 1870, malgré les vœux de l’immense majorité des instituteurs qui réclament l’obligation, malgré l’opinion d’esprits éminents, tels qu’Auguste Cochin et Guizot qui, d’adversaires de l’obligation, en étaient devenus les partisans déclarés, la Commission de 1873 a rejeté le projet de loi. Cette Commission, on le sait, a cru se tirer d’embarras par un expédient, en décrétant l’obligation morale, comme si cette obligation morale n’était pas inscrite depuis longtemps dans la loi, comme si l’obligation légale n’était pas réclamée précisément parce que l’obligation morale était reconnue insuffisante.

« La question de l’obligation légale, avait dit Cochin, est de celles que la guerre avec l’Allemagne a tranchées. »

« Il peut arriver, écrivit Guizot en 1873, que l’état social et l’état des esprits rendent l’obligation légale, en fait instruction primaire, légitime, salutaire et nécessaire. C’est là où nous en sommes aujourd’hui. Le mouvement en faveur de l’enseignement obligatoire est sincère, sérieux, national. De puissants exemples l’autorisent et l’encouragent : en Allemagne, en Suisse, en Danemark, dans la