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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1880.djvu/298

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REVUE PÉDAGOGIQUE.

plupart des États d’Amérique, l’instruction primaire a ce caractère, et la civilisation en a recueilli d’excellents fruits. La France et son gouvernement ont raison d’accueillir ce principe, en y attachant des garanties efficaces pour le maintien de l’autorité paternelle et la liberté des consciences et des familles. »

Le sentiment public est d’accord aujourd’hui avec l’opinion de l’illustre homme d’État. Aussi la cause de l’obligation peut-elle être considérée comme gagnée d’avance.

« L’instruction obligatoire, s’écriait M. Michel Chevalier le lendemain de la séance où le Sénat avait refusé d’entendre son rapport jusqu’au bout, a été étranglée entre deux portes, mais des choses pareilles se réparent. » Il est permis de dire que le jour de la réparation est arrivé.

Les adversaires de l’obligation reconnaissent que cette loi pouvait bien convenir aux peuples étrangers, mais qu’elle n’aurait pas de succès en France.

Les Allemands[1], disent les uns, ont une nature extraordinairement studieuse et apathique. La première qualité les incline à s’instruire, la seconde à ne pas résister aux remontrances paternelles de la loi qui les y oblige. Le caractère français s’accommodera-t-il aussi bien du même régime, Les mœurs patriarcales de l’Allemagne sont pour beaucoup dans les facilités d’amélioration que rencontre la loi. C’est un pays où la remontrance, étant toujours bien reçut, se trouve toujours de saison. Pense-t-on que le génie gouailleur des Français s’y prête aussi bien ? N’est-ce pas le Français plus encore que l’Américain qui met son plaisir à violer la loi ?

  1. L’Instruction primaire obligatoire, par l’abbé Courtade.