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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1880.djvu/299

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L’INSTRUCTION OBLIGATOIRE EN ALSACE-LORRAINE.

A-t-on pensé, objectent les autres, aux inconvénients de toutes sortes que l’obligation aura pour l’instituteur lui-même ? Elle le placera à l’égard des familles dans une situation parfois difficile, toujours délicate, et il ne faut pas se dissimuler que les négligents et les malveillants feront tomber sur lui la responsabilité des sévérités légales dont l’origine, sinon l’exécution, viendra de son initiative.

Ceux qui ont si mauvaise opinion du caractère français et qui prétendent qu’il ne pourra se plier à l’obligation scolaire, n’ont qu’à s’informer de ce qui se passe et s’est passé dans nos provinces annexées, chez ces Français de l’Est qui se flattent de ne pas ressembler, ni pour les mœurs, ni pour le caractère, à leurs voisins d’outre-Rhin.

Nous verrons plus loin comment cette loi a été introduite en Alsace-Lorraine, et les effets qu’elle y a produits.

D’abord, il est bon de rappeler que les conseils généraux du Haut et du Bas-Rhin, les premiers, ont réclamé l’obligation scolaire. C’est de l’Alsace également qu’est partie la vigoureuse impulsion donnée, depuis 1861, à ce pétitionnement collectif quia réuni plus de 4,500,000 signatures, la plupart alsaciennes. Ce pétitionnement a été une splendide manifestation du patriotisme le plus généreux, le plus éclairé et le plus libéral. I a été le vœu suprême de l’Alsace à la veille des cruels événements qui allaient l’arracher à la mère-patrie, le testament de l’Alsace libre et française, et il faut que ce testament soit exécuté, que ce puissant moyen de relèvement et de régénération soit enfin mis en œuvre.

Et pourquoi ne le dirions-nous pas ? Les cœurs des instituteurs d’Alsace-Lorraine, de ceux qui sont originaires des provinces annexées, ont tressailli de joie et d’espérance, en