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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1880.djvu/629

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L’AFRIQUE ÉQUATORIALE.

assurait que nous étions riches », et ils ajoutaient, en s’adressant à Stanley : « Aimez-nous comme lui ». Quel hommage ! et ces noirs, honorant le compagnon du bon missionnaire, le comblèrent de présents et de provisions et lui souhaitèrent bonheur et succès.

Stanley quitta Nyanngoué le 5 novembre 1876 ; l’inconnu, l’inexploré attirait : il était pris d’une joie enthousiaste que partageait son serviteur blanc, le seul qui lui restât, Frank Pocock. L’expédition, au dire des Arabes, était une folie, mais il se faisait un devoir de la tenter : s’il réussissait, quelle noble et à jamais mémorable conquête ! Il fit marché avec un chef arabe qui s’engagea à l’accompagner avec une escorte pendant 60 étapes ; l’escorte et une partie de la caravane suivirent la rive ; la Lady Alice descendit le cours de l’eau. Devant ce Loualaba, si large, si majestueux, devant ces puissantes forêts qui l’entourent, le voyageur est comme fasciné, et il communique son enthousiasme à ses compagnons. Au confluent du Riouki, on livra la première bataille, les naturels se montraient partout hostiles ; les présents ne les gagnaient pas. Frank Pocock se soumettait en vain au répugnant usage de la fraternité du sang. On passa les chutes d’Oukassa ; mais le 6 décembre, dans l’Ouasongero, la rivière fut barrée par quatorze grandes barques montées par de farouches ennemis, les Bakousous ; on les dispersa et On campa Sur la rive gauche à Vinyanjara. C’est là que les Arabes se retirèrent ; Stanley les paya, et se retournant vers sa troupe, dont il craignait le découragement, il s’écria : « Enfants de Zanzibar, dressez la tête… que les Arabes retournent à Nyanngoué dire à leurs amis quels hommes braves sont ceux-là qui conduisent l’homme blanc le long de la grande rivière jusqu’à ln mer ». Ï lui restait 148 personnes, hommes et femmes.

On dépassa les cataractes ; on franchit l’équateur, et au delà on reconnut le confluent d’une grande rivière qui vient de l’est et qui ne peut être que l’Ouellé de Schweinfurth. Une bataille livra un riche butin d’ivoire ; enfin le 1° 40° de lat nord fut atteint, et depuis lors la descente se fit au sud-ouest, après un rude engagement avec un peuple de nains féroces dont on l’avait menacé à Nyanngoué, qui étaient hauts de