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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1880.djvu/630

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REVUE PÉDAGOGIQUE.

pieds 1/2 à 4 pieds, véritables chimpanzés, intelligents, armes de fusils à chevrotines : d’où les avaient-ils ? de la côte occidentale !! Stanley leur infligea un véritable désastre. Il a parfois de meilleures aventures : il reçoit d’une peuplade des vivres et des provisions ; il se fait le protecteur d’une autre qui l’adore comme un dieu. Enfin, il repasse au sud de l’équateur. C’est alors que trompé par la carte de Tuckey (1806), il tombe dans les chutes de Manassa : il manque d’y périr et perd le valeureux Frank Pocock ; il le pleure comme un ami, 3 juin 1877. Enfin il laisse derrière lui le confluent du Couango, et dix kilomètres plus bas, il livre sa dernière bataille, la trente-deuxième.

À Ni-Sanda, le 6 août 1877, il dut s’arrêter. Il n’était qu’à quatre jours de marche d’Emboma, mais les munitions et les vivres étaient épuisés ; il ne pouvait faire un pas de plus. Il envoya une lettre avec cette adresse étrange : à n’importe quel gentleman parlant anglais à Emboma ; il expliquait sa détresse et demandait du secours. Il signa : H. Stanley, commandant de l’expédition anglo-américaine, et il ajouta : « Vous pouvez ne pas connaître mon nom ; je suis la personne qui a découvert Livingstone en 1871. « 

MM. Motta Viega et Harrison envoyèrent des vivres de touie sorte. Pour comprendre la reconnaissance du courageux Américain, il faut se représenter ses souffrances pendant un voyage de neuf mois. En partant de Nyanngoué, le 6 novembre, il n’avait que six mois de vivres, et il n’indique sur le fleuve que deux endroits où on lui en donna ou vendit, et en petite quantité. Aussi à trente-cinq ans, il avait les cheveux gris. La caravane était en joie. « Le Congo a donc une fin, et notre maître va voir l’Océan et ses frères. « 

Stanley s’arrêta à Emboma, à Kabenda et à Loanda jusqu’en septembre ; il rétablit sa santé et celle de ses hommes ; il en perdit toutefois encore quelques-uns que les dernières fatigues et la faim avaient épuisés. Il s’embarqua sur l’Industry pour le Cap et Zanzibar ; il avait promis à ses compagnons de les rapatrier et il tint parole. Le sultan le remercia en le déclarant son ami et jura de surveiller les trafiquants de Tanganyika et du Loualaba et de faire cesser