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REVUE PÉDAGOGIQUE

reçu en ennemi. L’énergique Yankee ne se trouble pas, il marche en vrai pioneer à travers les forêts, les jungles, descend sur le fleuve chutes et cataractes, va droit aux hommes, bon pour ceux qui acceptent ses présents et lui donnent des vivres, sévère pour ceux qui lancent des flèches, des zagaies ou des chevrotines. Sa force d’âme, sa vue sûre et ferme, sa décision l’ont protégé lui et les siens : on l’appelait le Maître ; et ce maître a été le salut de ses compagnons.

Ces trois grands hommes, au reste, ont une égale horreur de l’esclavage ; Livingstone en parle avec douleur et compassion, Cameron avec tristesse et chagrin, Stanley avec violence et haine ; tous les trois, ils n’ont qu’un même sentiment, que chacun exprime suivant son caractère et sa position ; Fun implore, l’autre négocie, le troisième combat, et tous, émus de la même pitié, conjurent l’Europe de porter dans ces terres, non pas nouvelles, mais nouvellement connues, la délivrance avec le christianisme et la civilisation.

Elles sont si belles, ces contrées du centre de l’Afrique, si fécondes, si riches en produits de toute sorte, en prairies, en forêts ; les animaux utiles sont si nombreux et la terre répond si bien au travail des hommes ; et ces hommes, nos semblables, bien qu’ils soient noirs, ont des cœurs qu’il faut toucher, des âmes qu’il faut ouvrir, des intelligences qu’il faut éclairer ; ils sont. comme nous, les fils de Dieu, dit Livingstone, et il ajoute : ils ont droit au pain de la vie ; ils ont droit au bonheur, dit Cameron ; ils ont droit à la puissance, dit Stanley.