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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1880.djvu/631

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L’AFRIQUE ÉQUATORIALE.

l’achat des esclaves. Si le sultan Seyd-Burghath est fidèle à son serment, Stanley, à lui seul, aura plus fait pour l’abolition de l’esclavage que toutes les nations de l’Europe et les États-Unis.

IV. — Voilà la grande œuvre de ces trois hommes qui sont l’honneur de l’humanité : Livingstone, missionnaire doux et bienveillant, qui a séduit les populations qu’il a traversées, qui pour toutes a été l’homme bon, seul nom qu’elles aient retenu de lui ; Cameron, le voyageur aussi conciliant que brave, qui n’a cédé que devant l’impossible et qui a su ménager et ses serviteurs et les indigènes ; Stanley, le conquérant, qui, mieux équipé, mieux pourvu, a pu aborder toutes les difficultés, triompher de tous les obstacles, des hommes et de la nature.

On a reproché à Stanley ses victoires ; on les a comptées ; il s’est battu trente-deux fois. Mais on oublie qu’il ne s’est jamais exposé pour s’exposer, de gaieté de cœur, inutilement ; le danger venait à lui, il devait se battre ou se retirer, et se retirer, c’était périr.

Livingstone, dans les seize premières années de son apostolat et de ses explorations, a rencontré des peuples doux, que le fléau de l’esclavage n’avait réellement pas atteints, que la guerre ne troublait pas sans cesse, qui vivaient encore tranquilles ; il venait seul, répandant la parole divine. Il a été bien reçu, et pour sa bonté il a été aimé. Il à lui-même, près du Nyassa, soutenu quelques engagements ; « il à fait parler la poudre » ; toutefois la persuasion était sa vraie force, et sa réputation l’ayant précédé sur le Chiré et sur le Loualaba, il montra sa douceur presque toujours et rarement sa fermeté, bien qu’il soit vrai de dire qu’il était aussi ferme que doux. Cameron ne voyage que sur les terres de l’esclavage ; mais entre les mains des trafiquants, soit arabes, soit portugais, et, pour ainsi dire, convoyés par eux, il sait heureusement dominer ces étranges auxiliaires qui l’ont trompé et détourné de son chemin et qui, s’il ne se fût pas fait craindre, l’auraient tué. Stanley, au delà de Nyangoué, n’a traversé que de rudes populations, pour la plupart sauvages et anthropophages, que l’esclavage avait à peine entamées et qui défendaient leur liberté ; blanc et soupçonné d’être Arabe ou Portugais, il est