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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1881.djvu/286

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UN PROFESSEUR NÈGRE À TOMBOUCTOU
xvie siècle


Tandis que les sciences arabes se développaient en Orient, avec la même rapidité que les conquêtes, il se formait en Afrique un second centre d’arabisme, moins florissant peut-être, à cause de la différence des langues, mais aussi actif que l’apostolat. À la suite des commerçants, qui furent les premiers missionnaires, le Koran entra dans les régions du Soudan, quelques années après la mort de Mahomet, et les esclaves, transportés, les uns en Égypte, les autres à la Mekke, furent-convertis, affranchis, puis instruits et employés comme agents de civilisation parmi leurs compatriotes. Ce qui nous autorise à supposer l’existence de ce mode de pénétration, c’est que, pendant les premiers siècles de l’hégire, il s’était établi un courant d’émigration entre la Nigritie et les lieux saints, et que plusieurs générations de nègres sont allées successivement compléter leurs études, soit au Caire, soit à la Mekke. La présence de la langue arabe est partout en Afrique, à l’heure qu’ilest, la preuve d’une certaine civilisation, et c’est grâce à l’arabe que ce continent possède quelque littérature. Aussi cette langue a-t-elle exercé sur les idiomes indigènes une influence considérable : le berber, les langues du Zanzibar, du Sénégal et de la Guinée n’ont point échappé à cette action envahissante du Koran, qui, à chaque station, établissait une école en signe de victoire.

La notice que je publie ici est extraite d’un livre rédigé à Tombouctou, vers la fin du xvie siècle, par un érudit de face noire, qui professa longtemps dans sa ville natale, et