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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/632

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REVUE PÉDAGOGIQUE

plicité, modestie[1], désintéressement, mépris des richesses, générosité portée jusqu’à l’excès, c’était là son caractère. Il ne profita de la confiance entière qu’un puissant ministre (M. de Louvois) avait en lui, que pour faire plaisir aux autres. Quand il me vit principal au collège de Beauvais, il sacrifia, par bonté pour moi et par amour du bien public, deux mille écus pour y faire des réparations et des embellissements nécessaires. Mais les dernières années de sa vie, quoique passées dans la retraite et l’obscurité, ont effacé tout Le reste. Il S’était retiré à Compiègne, lieu de sa naissance. Là, séparé de toute compagnie, uniquement occupé de l’étude de l’Écriture sainte, qui avait toujours fait ses délices, ayant continuellement dans l’esprit la pensée de la mort et de l’éternité, il se consacra entièrement au service des pauvres enfants de la ville. Il leur fit bâtir une école, peut-être la plus belle qui soit dans le royaume, et fonda un maître pour leur instruction. Il leur en tenait lieu lui-même : il assistait très souvent à leurs leçons ; il en avait presque toujours quelques-uns à sa table ; il en habillait plusieurs ; il leur distribuait à tous, dans des temps marqués, diverses récompenses pour les animer ; et sa plus douce consolation était de penser qu’après sa mort ces enfants feraient pour lui la même prière que le fameux Gerson, devenu par humilité maître d’école à Lyon, avait demandée par son testament à ceux dont il avait pris soin : « Mon Dieu, mon Créateur, ayez pitié de votre serviteur Jean Gerson ! Il a eu le bonheur de mourir pauvre en quelque sorte au milieu des pauvres, ce qui lui restait de bien

  1. Il n’a jamais voulu consentir à être élu dans l’Université. — R.