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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/631

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ROLLIN ET LE TRAITÉ DES ÉTUDES

ciation que « l’auteur valait peut-être encore mieux que le livre », et nous demanderons la permission d’achever de le faire connaître en complétant sa biographie.

Charles Rollin est né à Paris le 80 janvier 1661 ; il y est mort le 14 septembre 1741. Cette longue existence de quatre-vingts ans, consacrée tout entière à l’étude et à la piété, présente peu d’incidents : elle est simple et calme et n’en donne que mieux cette grande leçon et ce bel exemple du dévouement le plus consciencieux, le plus persévérant, le plus désintéressé, à la noble tâche d’instruire la jeunesse. « C’est le saint de l’enseignement », s’écrie M. Villemain avec enthousiasme.

Fils d’un pauvre coutelier, le jeune Rollin intéressa, par son intelligence, un religieux dont il servait la messe, et qui décida sa mère, devenue veuve, à le faire étudier au collège du Plessis, où par protection il obtint une bourse. Ses succès furent brillants. « Je suis quelquefois tenté de le qualifier de divin, » disait son maître, M. Hersan, dont il nous a laissé un éloge plein de cœur, où l’on trouverait les termes les meilleurs et les plus justes pour louer Rollin lui-même : « À la qualité de maître il avait Joint à mon égard celle de père, m’ayant toujours aimé comme son enfant. Il avait pris dans les classes un soin particulier de me former, me destinant dès lors pour son successeur ; et je l’ai été en effet en seconde, en rhétorique et au Collège royal. Je puis dire sans flatterie que jamais personne n’a en plus de talent que lui pour faire sentir les beaux endroits des auteurs, et pour donner de l’émulation aux jeunes gens… Mais il était encore plus estimable par les qualités du cœur que par celles de l’esprit. Bonté, sim-