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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/634

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REVUE PÉDAGOGIQUE

commença une Histoire romaine, qu’il laissa inachevée. Ces travaux, où manque absolument la critique, sont cependant loin d’avoir perdu toute valeur. « M. Rollin, écrivait Montesquieu, a, par ses ouvrages d’histoire, enchanté le public : c’est le cœur qui parle au cœur. On sent une secrète satisfaction d’entendre parler la vertu ; c’est l’abeille de la France. » Notre appréciation n’a pas changé : « Une saveur de morale et d’honnêteté répand de la douceur sur ces pages, » dit M. Sainte-Beuve. Même au point de vue historique, la critique allemande vient encore de lui rendre hommage. M. le Dr Völcker (1880) s’exprime ainsi : « On ne doit pas oublier qu’il n’a jamais eu de prétention personnelle au litre de chercheur en matière historique ; qu’il avait plutôt en vue un but pédagogique. Comme il a été le premier à introduire l’enseignement de l’histoire dans les collèges français, il a cherché à remédier à l’absence complète de lecture historique appropriée à la jeunesse. C’était là un grand fait pédagogique ; car il est incontestable que ses ouvrages sont de nature à donner à la jeunesse de toutes les nations un goût réel pour l’étude de l’histoire, en même temps qu’une vive intuition des différentes époques et de la vie des peuples. »

Il était alors retiré dans un quartier de Paris peu habité, jouissant de Dieu et de lui-même, comme dit l’inscription latine[1] gravée sur sa maison.

Une lettre charmante de Rollin, qui a pris place dans nos recueils classiques de morceaux choisis, décrit son

  1. Ante alias dilecta domus, quà ruris et urbis
    Incola tranquillus meque Deoque fruor.

    « Maison chérie avant toutes les autres, où, tranquille habitant de la campagne et de la ville, je jouis de moi et de Dieu. »