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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1883.djvu/118

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REVUE PÉDAGOGIQUE

et Coustel semblent avoir été plus spécialement chargés du latin[1]. Le dimanche, on allait à vêpres à Port-Royal de Paris, où l’on entendait le sermon de M. Singlio, qui avait succédé à Saint-Cyran comme directeur des religieuses. La solide instruction et surtout l’éducation vertueuse qu’on y recevait firent apprécier ces écoles et leur acquirent une certaine réputation dans le public. Le nom de plusieurs familles distinguées qui y faisaient élever leurs enfants y aida aussi beaucoup. Outre les Bignon, les du Fossé, les d’Andilly, les Le Maître, il y avait encore les de Bagnols, les Le Nain de Tillemont, etc. Aussi le nombre des élèves augmenta-t-il rapidement, et l’on voit, par une lettre de M. de Beaupuis à son père, à la date du 24 mai 1648, « que la maison se remplissait si fort qu’il n’y aurait bientôt plus aucune place ».

Donc les Petites Écoles étaient là florissantes ; mais, après trois ans d’exercice, elles furent troublées « par la jalousie de certaines gens que cette réputation incommodait ». On les décria comme des écoles d’erreur. On prétendit « que c’était une communauté, que les enfants ne sortaient point, qu’ils étaient habillés tous

    que M. de Beaupuis, son compatriote, auquel il fut toujours très attaché. « C’était un homme de littérature, savant en grec et en latin, disent les Mémoires, et qui fit grand honneur à son emploi dans les Petites Écoles. » Comme Guyot, il donna au public plusieurs traductions d’auteurs latins ; mais surtout il nous a laissé les Règles de l’éducation des enfants, ouvrage précieux qui, plus que tout autre peut-être, nous donne l’esprit de l’enseignement et les maximes d’éducation des écoles de Port-Royal. Après leur destruction, il devint le précepteur des neveux du cardinal de Furstemberg. Il alla ensuite au collège des Grassins, où le principal, qui était son ami, lui procura un emploi. Il termina sa paisible existence à Beauvais, dans sa famille, en 1704. Il avait quatre vingt-trois ans.

  1. Les élèves étaient-ils répartis dans ces quatre classes suivant leur âge ou suivant leur force ? Ceux qui étaient confiés à un même maître marchaient-ils du même pas ? Chaque classe avait-elle toujours le même maître, ou bien ces messieurs venaient-ils donner dans chacune, à tour de rôle, des leçons sur les parties de l’enseignement qui leur étaient le plus familières ? On l’ignore : les Mémoires ne concordent pas toujours, et ils présentent d’ailleurs bien des lacunes. Il y avait certainement des exercices communs. « Comme notre classe était composée de ceux qui étaient les plus avancés dans les études, dit du Fossé, nous faisions des défis d’émulation les uns contre les autres (probablement pour les vers latins), et c’était M. des Champs, gentilhomme du pays de Caux, qui excellait particulièrement dans ce genre de combat, ayant l’esprit vif et piquant et une poésie très fine. » Mais tout porte à croire que le plus souvent chaque maître s’occupait à part de chacun de ses écoliers.