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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/187

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LA PRESSE ET LES LIVRES

L’après-midi reste donc libre, est consacrée à la vie de famille, aux exercices de natation pendant l’été, de patinage pendant l’hiver.

Il ne faut pas oublier que l’Allemagne ne connaît pas d’internats, ou qu’ils y sont des exceptions dont on ne tient pas compte. Il faut avouer que, dans ces conditions, les écoliers ne paraissent pas trop à plaindre. Mais les exigences des études et des examens ne leur permettent certainement pas de jouir de toute la liberté que semble leur donner cette organisation, et le Dr Schiller reconnaît que sur certains points, on peut avec vérité parler de surcharge.

A quoi cela tient-il ? Jadis, au xvie siècle par exemple, les écoliers étaient bien plus accablés de classes, de devoirs, de leçons à apprendre par cœur ; les méthodes étaient plus mécaniques, les salles plus étroites. Néanmoins on entend des plaintes sur le zèle des élèves, jamais sur leur santé. La cause en est peut-être dans une moindre préoccupation de cet intérêt si considérable, dans des habitudes de vie plus dure, plus tranquille, moins agitée, moins nerveuse. Il faut y joindre aussi les ébats tumultueux au grand air : on vivait dans des villes relativement petites, dont on sortait en peu de minutes pour se trouver en pleine campagne ; les remparts, la place de l’église ou du marché offraient à tout instant l’espace libre nécessaire aux jeux. Les promenades d’aujourd’hui dans les grandes cités et les heures de gymnastique ne fournissent pas un équivalent. C'est à ce point de vue que l’auteur de cette étude insiste sur la nécessité de laisser libres les après-midi.

Mais ce qui le frappe surtout, c’est le fait qu’il y avait, jusqu’à notre siècle, unité profonde et simplicité dans le cycle des études, Un même maître enseignait tout ; le latin était le centre et le lien commun de toutes les sciences ; l’éducation que recevaient les écoliers avait souvent pour objet de les habituer au travail, de leur donner un caractère ferme et bien trempé ; les rapports entre les maîtres et les élèves étaient plus étroits, les classes moins nombreuses, les objets d’étude moins compliqués que de nos jours. De là une sorte de calme des esprits, de sérénité, de force qui contraste avec la fièvre, La hâle, la multiplicité, souvent la confusion et la surcharge dont les établissements modernes offrent l’exemple.

Le Dr Schiller reconnaît qu’on ne peut songer en aucune façon à revenir à ces temps passés, et qu’un autre siècle a d’autres besoins ; mais il cherche, par une étude attentive des programmes actuels, si l’on ne pourrait élaguer les branches parasites ou trop touffues, établies dans ces matières nombreuses, dans ces disciplines multiples qui font tour à tour appel à l’attention des enfants, une sorte de hiérarchie, d’ordre, de lien, d’unité. Il voudrait ramener les études à deux types : les lettres, contenant la littérature proprement dite, nationale, antique, étrangère, l’histoire, la religion, et d’autre part les sciences naturelles, les mathématiques, la physique, la chimie. Chacune de ces deux séries de branches serait enseignée par un seul professeur ; la