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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/213

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DE LA CORRECTION D’UN DEVOIR
À L’EXAMEN DU PROFESSORAT DES ÉCOLES NORMALES (LETTRES)



Parmi les épreuves de l’examen du professorat des écoles normales, il en est une dont les candidats ne se méfient pas toujours assez. « Corriger un devoir d’élève, qu’est-ce que cela ? Je le fais tous les jours. » Il arrive cependant qu’à l’heure décisive l’assurance diminue ; les difficultés qu’on n’avait pas prévues apparaissent ; elles surprennent, faute d’y avoir réfléchi, et déconcertent.

Il faut dire que les conditions ordinaires sont modifiées. En classe le maître a devant lui l’élève dont il corrige le devoir ; il lui parle ; déjà d’ailleurs il le connaît ; il sait si habituellement il fait mieux ou plus mal, ce qu’il peut ou ce qu’il ne peut pas ; il le note, il le conseille en conséquence : tout cela lui donne le ton, l’aide et le soutient ; tout cela, au jour de l’épreuve, lui fait défaut. Il en est toujours ainsi : transporté dans un examen, l’exercice le plus fréquent de Ja vie scolaire, quelque soin qu’on prenne de le tenir aussi rapproché que possible de la réalité, prend un air un peu nouveau.

Je note ces différences pour qu’on en soit bien averti et point dérouté : au fond la correction d’un devoir, qu’elle se fasse en classe ou à l’examen, est la même, présente les mêmes difficultés très réelles ct redoutables, exige les même qualités, des connaissances (car comment être prêt sur des sujets très divers sans des connaissances acquises de longue main, sans un fonds d’instruction générale déjà suffisamment large ?), de la netteté et de la décision d’esprit, un discernement sûr, des habitudes d’ordre et de méthode, une certaine souplesse de langage, l’art de rester dans la mesure, de n’outrer ni l’éloge ni le blâme, de louer sans enorgueillir, de critiquer sans humilier ou décourager, de tout dire enfin ct de faire accepter tout ce qu’on dit, parce qu’on a su montrer qu’on n’est guidé que par le seul intérêt de celui à qui on s’adresse —