Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
205
DE LA CORRECTION D’UN DEVOIR

ajouter ? s’il n’est pas logique, comment convient-il de le disposer ? Toutes les parties en ont-elles été bien mises en lumière ? Toutes ont-elles reçu un développement qui réponde à leur importance ? L’expression a-t-elle toujours bien traduit la pensée ? N’a-t-elle pas été parfois au delà, c’est-à-dire est-elle ambitieuse, gonflée, déclamatoire, de mauvais goût ? N’est-elle pas parfois restée en deçà, c’est-à-dire est-elle faible, plate, commune, vulgaire ? Que vaut la langue ? est-elle au moins correcte ? J’avoue que je ne m’arrêterais pas trop dans cette préparation aux défaillances de la forme ; j’en soulignerais quelques-unes à titre de preuves, s’il était nécessaire, et je m’en remettrais à l’habitude que je puis avoir de l’enseignement pour expliquer au jury en quoi consiste chacune d’elles. Mais je me réserverais du temps, les différents défauts étant notés, pour rechercher celui qui est le plus grave, le plus marquant, celui qui paraît caractériser la copie ; c’est à celui-là que s’attacherait surtout ma correction, et elle en prendrait unité, clarté, force. Ce défaut tient-il au fond ou à la forme ? L’élève n’a-t-il pas assez réfléchi à son sujet, n’en a-t-il pas su trouver les idées principales ? Ou, les ayant trouvées, ne s’est-il pas donné la peine de les exprimer ? Quelles qualités lui manquent ? Quels gros défauts trahit-il ? Et partant quel conseil capital lui donner ? Enfin je ne voudrais pas risquer d’arriver au terme de ma demi-heure sans avoir formulé et écrit, à tête reposée, en termes brefs, mais précis, mon appréciation, et même sans l’avoir traduite en son expression la plus brève et la plus rigoureusement précise, le chiffre. Le reste du temps, si j’en avais de reste, je l’emploierais à éclaircir avec moi-même quelques points, les principaux, sur lesquels j’insisterais d’autant plus volontiers devant le jury que je m’y sentirais plus à l’aise, y ayant réfléchi plus à loisir.

Avant d’aller plus loin, je tiens à prémunir nos candidats contre certaines impressions du premier moment, de la première lecture, qui pourraient avoir pour eux des conséquences fâcheuses ; ces impressions viennent d’idées préconçues dès longtemps caressées, « Moi, dit l’un, je voudrais une copie faible ; elle laisse plus à faire à celui qui est chargé d’en rendre compte ; elle lui permet de mieux montrer ce qu’il sait. — Et moi, dit l’autre, je ne voudrais que d’une bonne copie ; elle porte le correcteur ; de