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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/412

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REVUE PÉDAGOGIQUE

gnement. Au contraire, la mnémotechnie, qui a pour principe des rapprochements artificiels et des rapports de convention, peut être utile pour assurer la conservation d’un souvenir particulier ; mais elle nuit à la culture générale de la mémoire. Tout ce qui aide la mémoire, en effet, ne la fortifie point, et c’est lui donner de mauvaises habitudes que de lui fournir des appuis extérieurs, des étais artificiels, qui lui désapprennent de compter sur elle-même et sur la nature des choses.

Association des idées. — L’association des idées est une des lois essentielles du développement de la mémoire : en ce sens que les souvenirs se lient les uns aux autres, que leur liaison les fixe dans l’esprit, et qu’une fois associés par un lien quelconque, il suffit de l’apparition de l’un pour évoquer l’autre. Voilà pourquoi les études nouvelles qui par l’attrait de leur nouveauté même excitent l’attention, fatiguent et déconcertent la mémoire, parce que les idées qu’elles suggèrent à l’esprit n’y trouvent pas de points d’appui, d’autres idées analogues auxquelles on puisse les rattacher.

Dans la culture de la mémoire, le pédagogue aura donc à tirer profit de l’association des idées et de ses divers principes ; les uns fortuits et extérieurs, comme la contiguïté dans le temps et dans l’espace, les autres intrinsèques et logiques, comme le rapport de cause à effet. Plus on établira de rapprochements entre les connaissances, plus on associera les idées, et plus la mémoire sera vive et tenace. Saint François de Sales disait sous une forme piquante : « La bonne manière d’apprendre, c’est d’étudier ; la meilleure, c’est d’écouter ; la très bonne, c’est d’enseigner ? » Si le meilleur moyen d’apprendre est en effet d’enseigner, c’est que précisément le professeur est obligé de classer, de coordonner les connaissances qu’il enseigne et de les soumettre à un ordre rigoureux et méthodique.

Différentes formes de la mémoire. — « On dit la mémoire, fait remarquer M. Legouvé : on devrait dire les mémoires. » Il y a en effet la mémoire des faits, la mémoire des mots, la mémoire des idées, la mémoire des dates, des lieux, d’autres encore. Et ces diverses mémoires, bien qu’elles ne s’excluent pas, s’unissent rarement chez le même individu. Tel qui