Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/411

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
401
ÉDUCATION DE LA MÉMOIRE

2° L’ordre et la classification des faits ;

3° La répétition ;

« Si le clou n’entre pas d’un seul-coup, frappez deux fois, trois fois même. »

4° La force de la logique ;

« L’homme qui ne se rappelle bien que les faits qu’il s’explique, cherche sous les faits l’enchaînement des causes. »

5° Les relations artificielles établies entre les souvenirs :

6 L’usage des notes écrites. A défaut d’une bonne mémoire naturelle, disait dans le même sens Montaigne, « je m’en fais une de papier ».

Procédés mnémotechniques. — Les pédagogues ont souvent recommandé l’emploi de procédés artificiels, qui, en établissant entre les souvenirs un lien factice, en garantissent la durée et en facilitent Je réveil.

Mais les procédés mnémotechniques ont d’abord l’inconvénient d’habituer l’esprit aux associations d’idées arbitraires et superficielles. Eussent-ils au point de vue du développement de la mémoire toute l’efficacité qu’on leur prête, il faudrait encore les condamner, à raison de l’influence fâcheuse qu’ils peuvent exercer sur le jugement et la raison.

Que faut-il en penser d’ailleurs au point de vue de la mémoire elle-mème ?

« Il y a, dit M. Blackie, des relations artificielles qui ne sont pas sans utilité : l’élève peut se rappeler qu’Abydos est situé sur la rive asiatique de l’Hellespont, s’il se rappelle seulement que les deux mots Abydos et Asie commencent l’un et l’autre par la lettre A. Mais ce sont là des trucs, plus appropriés à la faiblesse de quelque instituteur malhabile qu’à la virile éducation donnée par nos bons maîtres. Je n’ai pas grande confiance dans l’emploi systématique des procédés mnémotechniques : ils remplissent l’esprit d’une foule de symboles arbitraires et ridicules qui nuisent au jeu naturel des facultés. Les dates historiques, pour lesquelles on emploie généralement cette sorte de mécanique compliquée, se graveront plus aisément dans la mémoire par leurs rapports de causalité[1]. »

La véritable mnémotechnie est celle qui se fonde sur les rapports réels, sur les associations naturelles des idées, sur la méthode et l’ordre logique que l’on doit introduire dans l’ensei-

  1. Blackie, p. 24.