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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/46

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REVUE PÉDAGOGIQUE

À TRAVERS NOS ÉCOLES
(NOTES D’UN INSPECTEUR)




À M…, l’instituteur, quand il n’est pas content d’un élève, le retranche du nombre de ceux qu’il emmènera se promener avec lui le jeudi suivant : c’est la plus grave des punitions usitées dans l’école ; or remarquez que l’élève reste libre de se promener où et comme il lui plaira.

À G…, il y a une heure d’étude avant ou après la classe suivant la saison ; rien n’est plus sensible aux élèves que de leur interdire l’entrée de cette étude.

Vous souriez et vous vous dites que beaucoup d’élèves que vous connaissez s’arrangeraient assez bien d’une punition qui leur retrancherait une heure de travail ou même une heure de présence à l’école. D’où vient la différence ? Cherchez.

Punir, c’est infliger une douleur dont le souvenir persiste comme un avertissement de ne plus tomber dans la même faule. La nature de cette douleur dépend de la nature de l’être à qui elle s’adresse : elle sera nécessairement physique pour être matériel, pour celui qui ne vit et qui ne sent que par le corps ; mais dans cet ordre même, combien de degrés, depuis le coup de fouet qui fait hurler le chien ou qui ensanglante le dos de l’esclave jusqu’à la privation de la friandise dont a été au moins menacé le plus gâté des enfants ! Pour celui dont on a su cultiver et affiner la nature morale, la punition peut être purement morale.

Si je me rappelle bien les jours de mon enfance, ce qui ma toujours le plus puni dans une punition, c’est l’idée que j’étais puni.

À V…, on a entendu un enfant durement traité par son père pour une cause futile s’écrier : « Ah, si le maître le savait ! »