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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/45

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LA CONNAISSANCE DU DROIT

le succès n’a pas tout à fait répondu au mérite de leur effort. Mais je dirai en toute franchise que ces écrivains, selon moi, n’ont pas pris la bonne route, et que le but qu’ils ont eu en vue était quelque peu différent de celui que je viens de marquer. Il ne saurait s’agir, en effet, d’apprendre à chacun la science du Droit et des lois de façon que chacun, dans toutes les circonstances de la vie ou même dans la plupart de ces circonstances, puisse être son seul guide et n’avoir pas besoin du concours de ceux qui ont fait du Droit et des lois l’objet spécial de leur étude ; en vérité, le point est autre, et, s’il convient de fournir le mieux possible à chacun un moyen de s’orienter pour ses propres affaires, s’il convient de mesurer aux détails la part la moins stricte possible, il est d’un intérêt essentiel de mettre d’abord chacun à même d’embrasser dans toutes les matières l’ensemble et les parties principales, de se faire une idée du tout et, s’il se peut et autant qu’il se peut, de juger la loi au nom du Droit, au nom de la Justice qui avance, des besoins sociaux qui changent.

Mais par là, j’imaginerais avoir défini le but qu’il faudrait viser, et je crois désormais facile de répondre aux autres objections.

Que la science du Droit soit abstraite ; que de plus elle soit complexe, et que, par leurs propres complications, souvent nos lois en accroissent les difficultés, aucun de ces points n’est contestable, Mais, dans le plan que je conçois, et que je voudrais en outre dégagé de tout apparat, de tout appareil scientifique, j’ai l’intime pensée que les idées générales qui, en dehors de à législation, dominent les principaux sujets du Droit, pourraient être ramenées à une expression simple et aisément compréhensible ; et, quant aux abstractions techniques qui forment l’explication des textes, rien n’est plus praticable, en définitive, que de les rendre vivantes et tangibles au moyen d’exemples ou, comme on dit en droit, d’espèces.

Restent les complexités et les complications, dernier écueil.

Mais qu’il aille en avant, avec bon courage et sans peur, l’homme jaloux de rendre à la démocratie ce capital service, de l’initier à la science des lois et du Droit !