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LA PRESSE ET LES LIVRES

par une autre personne que l’instituteur habituel ; mais ce serait. dérouter les enfants ; le mieux est de déterminer les maîtres à donner autant que possible, pendant cette demi-heure, l’image de leur enseignement ordinaire.

La perspective de la séance publique est un stimulant pour tous ; nul ne veut rester en arrière ; et si l’on a soin d’éviter une concurrence fiévreuse et malsaine entre les écoles, on obtiendra de bons résultats.

Ces séances publiques ont en outre l’avantage d’initier les parents à la vie scolaire, de les intéresser aux travaux de leurs enfants, de leur montrer sur le fait les bonnes méthodes d’enseignement, la manière de diriger les esprits, de les mettre sur la voie ; elles sont un enseignement pour les familles. De plus, elles établissent un lien plus étroit entre la famille et l’école ; ces deux facteurs de l’éducation concourent ensemble, à ce moment, visiblement, à la même œuvre ; les parents voient le maître à sa tâche, si difficile, si délicate, lui savent gré de ses efforts, comprennent mieux les difficultés qu’il rencontre, sont plus disposés à l’aider, à l’encourager.

Enfin, c’est l’occasion d’une fête scolaire qui élève les esprits et les cœurs, qui rapproche, qui réjouit, qui met l’école en lumière, qui contribue par conséquent à l’éducation morale du peuple.

En résumé, il en est de ces examens publics comme de tant d’autres procédés ; ils valent par l’esprit qu’on y apporte, par le but qu’on y poursuit ; on peut les ravaler au rang de simple routine et de dangereuse comédie, ou les transformer en un excellent moyen de bonne et féconde pédagogie. Tant vaut le maître, tant vaut le procédé.

Les distributions de prix. — La Deutsche Schulseitung prend la défense des distributions de prix, dont la suppression a été demandée récemment au conseil municipal de Berlin.

Les théoriciens qui condamnent les prix, dit l’auteur de l’article, s’appuient sur l’autorité de Kant, d’après lequel les châtiments forment les « naturels serviles », et les récompenses les « naturels mercenaires », tandis que ceux qui ne sont pas récompensés regardent leurs camarades d’un air jaloux. Les enfants, dit-on, doivent apprendre à travailler par devoir et non par crainte ou par ambition ; la curiosité chez les élèves, le talent chez le maître doivent suffire. à entretenir l’attention et l’application ; la recherche des récompenses et La crainte des châtiments constituent des mobiles immoraux.

L’auteur de l’article répond que ce n’est pas du premier coup que les enfants peuvent être élevés à ces hautes conceptions de moralités qu’on ne peut pas demander, même à des hommes, de renoncer à toute distinction et récompense de leur mérite et de leurs efforts, qu’ils ont besoin d’être encouragés dans leur travail par des résultats