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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/474

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REVUE PÉDAGOGIQUE

visibles, qui s’ajoutent utilement au sentiment du devoir ; que le monde est ainsi fait et que les enfants vivent au milieu de ce monde.

La nature des enfants est plus portée encore que celle des hommes vers ce qui frappe les sens ; ce n’est que graduellement, par l’effet même de l’éducation, qu’on peut arriver à les « spiritualiser ». Comment donc exiger d’eux ce qu’on n’exige pas de nous, qu’ils fassent sans cesse le bien, sans penser ni à récompense ni à châtiment, uniquement par sentiment du devoir et pas amour du bien ?

Kant, qui condamne les récompenses, se garde bien d’écarter les punitions. Le motif de la crainte est-il donc plus noble que celui de l’honneur ou de l’ambition ? L’un des deux principes est tout au moins aussi dangereux que l’autre et ne propose pas de meilleurs mobiles. Oui, les théoriciens ont raison ; le but de toute éducation doit être d’amener les enfants à faire le bien par pur amour du bien ; mais la récompense et le châtiment sont des moyens indispensables pour se rapprocher de ce but ; il est seulement bien entendu qu’il faut les employer d’une manière intelligente, de moins en moins matérielle et grossière, jusqu’à ce que l’enfant, devenu homme, trouve les plus efficaces châtiments et récompenses dans sa conscience même.

L’auteur déclare expressément, du reste, que les distributions de prix doivent se faire sans une solennité et une pompe excessive, de façon à ne pas donner aux enfants l’idée qu’ils sont des personnages en quelque sorte publics et importants. Mais il ne serait pas bon d’autre part de supprimer sans une nécessité absolue des habitudes populaires anciennes, profondément enracinées. Il faut à la vie un certain éclat, et surtout à la vie des enfants ; il faut savoir parler à leur imagination et imprimer d’heureux et utiles souvenirs dans leur mémoire.

Il peut sans doute y avoir parfois, par exception, des erreurs dans l’attribution des récompenses ; mais est-il humainement possible de les éviter, même dans de simples louanges et blâmes ? Quant à l’envie, à la jalousie qui pourront naître au cœur des élèves non récompensés, est-ce une raison pour refuser les lauriers au mérite ? Peut-on supprimer les mauvais sentiments en les ménageant de la sorte ? Les enfants sont habituellement justes, et ils ne s’étonnent pas qu’un plus grand honneur soit accordé à ceux qui ont plus de mérite, qui ont reçu de Dieu ou accru par le travail des dons privilégiés.

Le musée pédagogique de Berlin. — Le musée pédagogique qui vient d’être inauguré à Berlin, nous dit la Bayerische Lehrerseitung, a eu les plus modestes commencements. Voilà neuf ans que des hommes de bonne volonté y travaillent avec zèle et intelligence. La bibliothèque n’a pas tardé à croître grâce à des dons importants, soit de particuliers, soit de maisons de librairie ; un généreux dona-