Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/560

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à la colère, et il saura toujours allier le calme et la douceur à la fermeté et à la sévérité. »

Nous nous rappelons qu’il n’y eut alors aucun instituteur digne de sa mission qui ne se sentît blessé de pareilles recommandations. Il est douteux que les instituteurs belges soient satisfaits de s’entendre dire, par exemple, qu’il leur est nuisible de jouer avec le premier venu dans les cabarets ou sur les places publiques ; de chercher à amuser par des facéties de mauvais goût ; de tolérer, par leur présence, des paroles ou des actes obscènes ; de se présenter à quelqu’un sans être complètement vêtu ou dans un costume peu décent ; de confier trop légèrement les secrets des ménages (page 24). Ce serait le cas de demander à nos voisins : À qui donc confiez-vous les fonctions d’instituteur pour qu’il soit nécessaire de donner à vos maîtres de tels avis ?

Nous avons eu le regret de ne pas trouver dans le livre de M. Braun ce que la compétence de son auteur nous faisait espérer. Ce n’est pas qu’il ne s’y rencontre de bonnes pages, notamment sur la pratique de l’enseignement, mais elles sont trop souvent perdues au milieu de détails mesquins. Enfin pourquoi M. Braun, qui cite souvent des auteurs français (Jules Simon, Rendu, Gréard, Buisson, Marion, Brouard), ne nous donne-t-il jamais l’indication de la page ni même de l’ouvrage d’où le fragment est tiré ? Il vaudrait la peine de pouvoir s’y reporter, ne fût-ce que pour trouver dans le contexte la pensée exacte des auteurs ou pour suivre les développements qu’ils lui ont donnés.


X.


David Livingstone, missionnaire, voyageur et philanthrope, 1813-1873, par Rodolphe Reuss, Paris, Fischbacher, 1885, VIII-118 p., in-8o. — Parmi les voyageurs illustres du XIXe siècle, il n’en est aucun dont le nom brille d’un éclat à la fois aussi intense et aussi pur que celui de Livingstone. C’est que chez lui la grandeur matérielle de l’œuvre accomplie est singulièrement rehaussée par la grandeur morale de l’ouvrier ; qu’il ne fut pas seulement, comme ses rivaux de gloire, un explorateur de premier ordre qui par l’importance hors ligne de ses découvertes a puissamment contribué aux progrès de la géographie ; qu’il a consacré sa vie entière, une vie toute de dévouement et de sacrifice, au service de la plus noble des causes, l’avancement du règne de Dieu sur la terre. D’autres investigateurs intrépides et sagaces ont, avant et après lui, pénétré dans l’Afrique intérieure et dévoilé ses mystères ; nul ne lui dispute l’honneur d’avoir été par excellence l’apôtre, le précepteur, le champion des malheureuses populations du continent noir, auxquelles il a prêché l’évangile et la civilisation par l’exemple plus encore que par la parole, et en faveur desquelles il a soutenu, avec une ardeur que rien n’a pu lasser, sa sainte lutte contre la plaie hideuse de la traite des nègres. Missionnaire, voyageur et philanthrope, tel est le