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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1887.djvu/292

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REVUE PÉDAGOGIQUE

l’école normale d’Ajaccio, elle sut mériter, dans ce poste nouvellement laïcisé, où tout à peu près était encore à créer ou à développer, l’estime de ses chefs et celle des familles. Tout en se multipliant au service de ses élèves, elle redoublait d’efforts pour se préparer à l’examen de la direction des écoles normales. Une fois pourvue de son titre régulier, elle fut appelée à Montpellier ; là, considérant cette école comme son œuvre de maturité, elle se prit à mener de front avec une égale ardeur le soin des études, la direction des élèves, la tutelle officieuse des maîtresses, ses collègues, et les améliorations matérielles. C’était son ambition, plus d’une fois exprimée, que l’école normale de l’Hérault ne fût inférieure à aucun des meilleurs établissements du Midi, soit pour l’instruction et la culture morale, soit pour le savoir-vivre et l’éducation proprement féminine ; que, tout en restant primaire par l’esprit général de l’enseignement, elle devint de plus en plus une institution d’éducation supérieure au service des filles du peuple.

Elle est morte à la tâche, l’aimable et vaillante femme, usée longtemps avant le terme — c’est la déclaration des médecins — par une application incessante de toutes ses forces, consumée à la fois par son ardente sollicitude de famille et par son zèle de directrice. Elle avait eu l’été dernier la double satisfaction, vivement appréciée, de recevoir les palmes d’officier d’académie et de siéger dans la Commission du professorat (section des lettres) : deux témoignages qui disent assez haut en quelle estime la tenaient ses supérieurs immédiats et ceux de Paris. Mais la mort imprévue de sa mère, ajoutée à ses fatigues de toute sorte, lui porta le plus rude coup : elle ne se consola pas d’être arrivée trop tard pour adoucir les derniers moments de la défunte.

« … Mlle Domninge, nous écrit un ami de l’école, professeur à la Faculté des lettres, à la date du 10 février, s’est éteinte subitement. Elle ne s’est pas vue mourir ; elle n’a même jamais soupçonné la gravité de son mal. Nous avons tous appris, en même temps, la maladie et son issue. Les obsèques ont eu lieu ce matin, à dix heures. Toute l’école accompagnait. Des draps d’honneur — selon l’usage méridional — étaient portés par les maîtresses, les élèves, les professeurs du lycée de jeunes filles, les anciennes élèves. Quelques directrices des écoles normales