Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1887.djvu/350

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
340
REVUE PÉDAGOGIQUE

familles ou chez des industriels. On a compté avant tout sur la liberté pour le relèvement moral de ces enfants. Au début cela semblait une utopie à beaucoup de bons esprits : mais le système a déjà fait ses preuves.

Telle est dans ses grandes lignes l’œuvre fondée par M. Quentin et développée avec autant de dévouement que d’intelligence par son successeur M. Peyron.

La première difficulté consiste à mettre les enfants sous le patronage du département et à les enlever pour cela à l’autorité paternelle. Aucune loi analogue à la loi anglaise de 4866 n’existe en France : on a dû compter sur le concours de tous les fonctionnaires qui se trouvent en relations avec l’enfance coupable ou abandonnée. Leur dévouement s’applique à arracher les petits vagabonds aux milieux dans lesquels ils ne peuvent que se corrompre et à les remettre aux soins de l’Assistance publique. On s’efforce d’obtenir des parents une déclaration de renoncement à la puissance paternelle. Sans doute, la loi ne donne pas sa consécration à ces arrangements, mais nous avons lieu de penser qu’une loi nouvelle sur ces matières viendra en aide, avant longtemps, aux efforts du directeur de l’Assistance publique.

Les enfants dont il a été reconnu qu’ils rentrent bien dans la catégorie des enfants moralement abandonnés sont d’abord internés durant une période de quinze jours dans un hospice spécial. Ce stage a un double but : on se propose d’abord d’écarter les enfants ayant des maladies ou des infirmités qui empêcheraient de les placer en apprentissage : ceux-ci sont soignés et soumis à un régime spécial. Enfin les enfants dont les antécédents déplorables et dont les vices invétérés montrent qu’il est trop tard pour les sauver, restent destinés aux maisons de correction. On ne peut songer à supprimer ces établissements ; mais déjà leur population a sensiblement diminué ; de 10,000 enfants elle va tomber très prochainement à 5,000, et le jour où elle ne sera plus que de 2,000 enfants, chiffre au-dessous duquel on ne peut guère espérer descendre, ne semble pas devoir être très éloigné.

On s’est gardé d’apporter dans le placement des enfants un système uniforme, qui se fût mal appliqué à leurs différentes natures. Les uns, ceux qu’on recueille avant l’âge de l’apprentissage, sont envoyés à la campagne comme les enfants assistés. Ces placements réussissent presque toujours, et l’on n’a pas grand’peine a transformer en petits paysans les enfants des rues de Paris.

D’autres, en âge d’entrer en apprentissage, sont placés chez des patrons ou des ouvriers : on a presque toujours à se louer des résultats obtenus, et cela, chose étonnante, même pour les enfants qu’on a placés à Paris.

Mais le système que préfère l’administration consiste à placer les enfants par groupes de 20 à 50 dans des usines et des fabriques.