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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1887.djvu/522

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REVUE PÉDAGOGIQUE

Égypte, aux colonies, il convient d’employer des congréganistes comme premiers promoteurs de l’école et de la civilisation françaises. Étonnant paradoxe ! N’est-ce pas là au contraire qu’il faut nous appliquer à écarter toute passion religieuse ?

Les congréganistes le sentent si bien eux-mêmes que, par une très louable politique, la première chose qu’ils font dans ces pays c’est de pratiquer la laïcité, tant elle est la condition sine qua non de leur succès. Ils promettent, et je m’assure qu’ils pratiquent dans toute la mesure de leur pouvoir, le respect absolu des diverses croyances. Rien n’est plus sévèrement interdit, par exemple, au collège Saint-Charles que le prosélytisme religieux. Et ce n’est pas sans un vif sentiment de plaisir qu’invité à assister à la réunion générale des élèves qui clôt chaque semaine, j’ai entendu le très habile et très respectable ecclésiastique préposé à cet établissement leur lire lui-mème et leur expliquer un de ces manuels d’instruction civique et morale inscrits sur la liste de nos écoles primaires de France, celui de M. Ad. Franck.

La voie est donc bien tracée déjà, la méthode à suivre ne fait plus doute. Nous n’avons plus qu’à l’appliquer. Nous savons aujourd’hui comment il faut pénétrer dans le monde islamique : pénétrons-y résolument non plus avec le fer et le feu, non plus pour y porter une guerre de race ou une guerre de religion, mais pour y faire luire ces vérités éternelles qui brillent du même éclat dans tous les âges et sous tous les cieux, qui n’appartiennent en propre ni au juif, ni au chrétien, ni au musulman, parce qu’elles appartiennent à l’humanité : le droit, la raison, la justice, le travail, la liberté, et par surcroît cet idéal de paix et de bonne volonté mutuelle que longtemps avant toutes nos églises un païen avait’si bien nommé « Caritas generis humani » !