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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1887.djvu/521

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NOS PIONNIERS EN AFRIQUE

Puissent ces quelques propositions trouver auprès des autorités compétentes l’accueil que méritent le bon vouloir et le dévouement qui les ont dictées !

Signé : Mohammed Ben Rahmal,
Ancien élève du lycée d’Alger, ex-caïd.

VI

Si ces notes devaient former un rapport, il serait temps de les clore par un ensemble de conclusions. Nous n’avons pas cette prétention. Nous n’avons voulu que faire un appel à l’attention, à la sympathie du public de cette Revue en faveur de nos écoles d’Afrique.

C’est une œuvre encore à ses débuts, mais pleine d’attrait et riche de promesses. Pour qu’elle grandisse et prospère, qu’y faut-il ? des hommes, et encore des hommes.

On a pas assez remarqué que déjà la plus grande des difficultés qui nous entravait naguère a disparu : tant que notre enseignement public était légalement confessionnel, que nos maîtres enseignaient le catéchisme, tant qu’Arabes et Kabyles n’ont guère vu venir à eux pour instruire leurs enfants que des religieux et des religieuses, ils ont rendu justice à leur dévouement, à leur bonté, à leur belle et admirable conduite, mais l’inquiétude est restée au fond de leur cœur de musulmans, et, comme le disait franchement un rapport adressé au ministre il ya quelques années, « ils se méfiaient toujours du marabout chrétien ».

J’ai vu bien des chefs arabes et kabyles au cours de ce voyage ; il en est peu qui ne m’aient dit, entre autres raisons, ou plutôt comme la première raison de l’accueil favorable fait depuis quelque temps aux écoles françaises : « Nous savons maintenant que vos écoles ne sont plus des écoles maraboutiques (congréganistes), que vous avez défendu à vos maîtres de mal parler du Coran, et que nous pouvons envoyer nos enfants apprendre le français sans craindre que vous les fassiez chrétiens ».

Si la laïcité n’existait pas en France, il aurait fallu l’inventer pour nos possessions africaines. Et, pour le dire en passant, quand on vient de séjourner quelques semaines en pays musulman, On a de la peine à comprendre une idée qui a cours ici : il faut, dit-on, laïciser en France, soit, mais en Tunisie, en