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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1890.djvu/224

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REVUE PÉDAGOGIQUE

lui qui, reprenant une idée de Mann, prononça au moment où il prenait possession de la magistrature suprême ces paroles mémorables : « Un homme peut être éloquent, connaître à fond l’histoire, la diplomatie et la jurisprudence ; il n’en faut pas davantage ailleurs pour aspirer au rang élevé d’homme politique ; mais si son langage et ses efforts ne tendent pas à l’éducation du peuple, il n’est pas, il ne peut pas être un homme d’État américain ! » Et Sarmiento réalisa ce programme.

En effet, c’est lui qui a fait voter une loi accordant des subsides aux provinces pour pousser au développement de l’instruction primaire ; c’est lui qui a fondé les bibliothèques populaires ; c’est lui qui a réformé les plans et les programmes d’études ; c’est lui qui a créé de nouveaux établissements d’éducation, entre autres les écoles normales ; c’est lui, enfin, qui a déterminé un véritable mouvement gouvernemental en faveur de l’instruction publique, dont le rapport du ministre Posse nous présente aujourd’hui les résultats les plus remarquables.

Les efforts réunis de tous nos présidents successifs et de leurs puissants auxiliaires, les ministres de l’instruction publique et les gouverneurs des provinces, ont abouti, trente années à peine après la constitution définitive de la nation, à ces brillants résultats : deux universités, seize lycées, trente-quatre écoles normales, quelques instituts spéciaux, de nombreuses écoles primaires dans la capitale, dans les provinces et sur les territoires nationaux, enfin, sur quatre millions d’habitants, deux cent soixante mille élèves recevant l’eau baptismale de la science dans tous ces temples de la vraie religion humaine !

D’accord avec la prescription constitutionnelle que j’ai déjà mentionnée, chaque province établit sa législation scolaire particulière ; la nation, elle, légifère pour le territoire fédéral et les territoires nationaux qui sont placés sous sa dépendance immédiate.

La loi qui règle l’organisation scolaire nationale date de 1884, et on peut dire que c’est d’accord avec elle qu’ont été édictées celles qui régissent toutes les provinces ; de manière que, connaissant celle-ci, on connaît aussi les autres.

Cette loi dispose que l’instruction primaire est obligatoire, gratuite, graduelle et donnée conformément aux préceptes de l’hygiène.