Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1891.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
105
LA LECTURE DES CLASSIQUES À L’ÉCOLE NORMALE

lectures récréatives : nos élèves pourraient sacrifier la préparation des leçons à un passe-temps plus agréable. En dehors des lectures à haute voix, qui devraient avoir lieu chaque soir pendant un quart d’heure ou une demi-heure, sous la surveillance du directeur, je fixerais une « étude libre » par semaine pour les lectures personnelles, que les élèves feraient la plume à la main, et dans lesquelles la plus grande liberté serait laissée quant au choix des ouvrages et quant aux notes à prendre. Cette étude aurait lieu le samedi soir ou le dimanche avant la sortie. Il ne faut pas que les élèves puissent tirer prétexte de la lecture pour mal préparer une leçon ou pour s’abstenir de faire un devoir, ce qui arrive quelquefois.

Deux points nous paraissent encore dignes de remarque et sont fréquemment relevés dans les lettres que nous avons reçues. Le premier est relatif aux examens. Ils sont les véritables régulateurs et la sanction des études. Selon qu’ils accorderont plus d’importance aux études littéraires, à la connaissance personnelle des auteurs classiques, aux observations tirées d’une lecture attentive des textes plutôt que des commentaires, les élèves seront incités à lire avec plus de soin et d’intelligence. Quelques maîtres demandent que l’épreuve de la lecture expliquée ait un coefficient qui marque bien l’importance que l’administration attache à cet ordre d’études.

Le second point qui préoccupe presque tous nos correspondants, c’est la constitution dans les écoles normales de bibliothèques mieux fournies de livres, tant d’ouvrages classiques que d’ouvrages de récréation. Ils se plaignent pour la plupart de la pénurie des bibliothèques : les uns proposent des souscriptions régulières parmi les élèves, les autres le retour à la liberté d’employer les a bonis » de l’école à l’acquisition de livres.

En somme, la circulaire ministérielle a trouvé un terrain bien préparé ; elle répond à un besoin des esprits ; elle stimule l’activité des maîtres ; elle paraît comprise et goûtée ; elle ne restera pas lettre morte. On ne peut que se réjouir de l’émulation que dénotent toutes les correspondances que nous avons reçues, et de l’ingéniosité des méthodes qu’elles nous indiquent. L’important, c’est maintenant de passer à l’application et à la pratique, et surtout de persévérer. Le pire serait que ce beau zèle ne fût qu’un feu de paille ; nous souhaitons qu’il allume au cœur des maîtres et des élèves le feu sacré.