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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1891.djvu/188

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REVUE PÉDAGOGIQUE

Collin publie en ce moment un cours de musique de M. A. Marmontel. À la Première année vient de s’ajouter la Deuxième Année, et, sous peu, une Troisième année formera le dernier volume d’un tout complet et homogène dont on peut préjuger dès ce jour.

Le nom que porte la première page, et qui est celui d’un compositeur si autorisé dans le monde musical, serait déjà une recommandation, si des qualités toutes pédagogiques ne faisaient de ce cours un ouvrage d’enseignement presque parfait.

C’est que M. Marmontel reste de la première à la dernière ligne fidèle à ces principes inscrits au fronton de son livre : exprimer en une langue claire et sobre les définitions et les explications ; — ne jamais se servir d’un terme nouveau avant de l’avoir expliqué ; — n’aborder jamais qu’une difficulté à la fois et n’entamer la suivante que lorsqu’on a vaincu la première ; — se répéter à satiété et ne jamais craindre de revenir en arrière ; — garder une même méthode, reprendre le même chemin chaque fois qu’il s’agit d’atteindre un but semblable, afin que la méthode à suivre se grave dans la mémoire.

La Deuxième année, bien emboîtée dans la Première, forme cependant un cours complet. M. Marmontel reprend les éléments déjà vus ; mais il s’attarde sur certaines parties qu’il n’avait qu’effleurées, et aborde plusieurs nouvelles difficultés.

Une petite Histoire de la Musique éclaire dès le début les morceaux des compositeurs les plus illustres que l’élève trouvera dans ce volume.

M. Marmontel a songé aussi aux instruments, que les enfants entendent souvent sans les connaître ; il donne quelques notions sur leur origine, leur timbre particulier et le rôle qu’ils jouent dans l’orchestration.

Comme ce ne sont pas des mots qui font la valeur de ce livre, ce ne sont pas des mots qui en donneront une idée. C’est un petit cours en action. On entend parler le maître, on le voit agir sur les jeunes intelligences. Pour l’apprécier il faut l’avoir sous les yeux, ou, mieux encore, le pratiquer.

Toutefois, une chose qui frappe d’abord, c’est la sobriété du texte : quelques mots d’explication sont suivis de plusieurs pages d’exemples et d’exercices. Des devoirs écrits suivent chaque notion nouvellement acquise, afin que la pratique vienne graver la théorie dans la mémoire. Enfin, un court résumé ferme chaque chapitre.

Si l’on voulait tirer hors de pair certaines parties de ce cours partout excellent, ce seraient précisément les plus délicates, celles qui marquent en général le défaut des cours de musique : l’étude des clefs, celle des intervalles, et surtout celle de la formation des gammes par le tétracorde. Le commencement de l’air si simple du Joseph de Méhul sert d’exemple pour chacun des tons qu’on étudie dans le cours[1], ce qui prépare par avance dans l’esprit des enfants, l’idée de la transposition.

  1. On s’arrête aux tons de mi naturel et de la bémol majeur et à leurs relatifs mineurs.