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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1891.djvu/292

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REVUE PÉDAGOGIQUE

des garçons, et un certain nombre d’ouvrages ayant été lus de tous mes élèves, j’ai pu établir un dépôt de livres (15) à l’école des filles. Ce dépôt sera renouvelé de temps à autre, par exemple tous les trimestres, de façon que les petites filles prennent, elles aussi, goût à la lecture. Il serait même bon, si le nombre de volumes dont nous disposons le permettait, d’établir semblable dépôt dans toutes les écoles de hameaux.

(Bulletin du Morbihan, février 1891.)

NÉCROLOGIE : CHARLES DEFODON

Le monde de l’enseignement primaire vient de faire une grande perte dans la personne de M. Charles Defodon, membre du Conseil supérieur de l’instruction publique, décédé le mois dernier. Originaire de Rouen, il avait fait de brillantes études au lycée de sa ville natale et les avait complétées au lycée Louis-le-Grand à Paris. Quelque temps secrétaire de Victor Cousin, il n’avait pas tardé à entrer dans l’enseignement vers lequel le portait un instinct irrésistible. Les questions de pédagogie l’intéressaient au plus haut degré ; il ne tarda pas y devenir un maître écouté. Collaborateur, puis directeur du Manuel général de l’instruction primaire, il a pendant de longues années parlé du haut de cette tribune à des milliers d’instituteurs et d’institutrices, auxquels il prodiguait les conseils les plus sages, auxquels il donnait des indications pratiques, une direction, une aide qui ont rendu les plus grands services.

M. Vapereau, qui l’a si longtemps vu à l’œuvre, rappelait l’autre jour sur sa tombe quelques-uns de ces services :

« Dès 1866, il inaugurait, à l’usage de ses abonnés, le système de préparation par correspondance aux examens du certificat d’aptitude aux fonctions d’inspecteur primaire, en leur proposant des sujets pédagogiques qu’ils étaient invités à traiter et dont le compte-rendu était publié par le journal, pendant que les copies corrigées et annotées étaient retournées, sous un pli cacheté, à leurs auteurs. Malgré le travail accablant qui en résultait pour M. Defodon et ses collaborateurs, cette généreuse pratique, au lieu de se restreindre, n’a fait que s’étendre avec la multiplicité des examens primaires, et à cette heure on ne peut dire le nombre de membres de l’enseignement ou de l’administration qui lui sont redevables de leur diplôme. Ce précieux système de correspondance, grâce à une activité infatigable, s’est étendu successivement à des objets qui n’étaient pas encore dans les programmes : au dessin, considéré non comme art d’agrément,