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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1891.djvu/293

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NÉCROLOGIE

mais comme la langue de la forme, aux leçons morales et patriotiques préludant à l’instruction civique, au renouvellement de l’enseignement de la géographie. Des concours étaient institués qui, par l’empressement des maîtres à y répondre, attestaient les progrès accomplis et suscitaient des progrès nouveaux. Des enquêtes aussi étaient ouvertes, grâce auxquelles les sentiments des instituteurs sur les questions à l’ordre du jour faisaient corps et pouvaient agir par leur ensemble sur les délibérations mêmes des pouvoirs publics. »

D’abord professeur libre à Paris, M. Defodon avait complété son expérience de l’enseignement primaire comme professeur à l’école normale de la Seine, dont les anciens élèves sont venus rendre à sa mémoire un touchant hommage le jour de ses obsèques. Plus tard, bibliothécaire au Musée pédagogique, il s’était familiarisé avec les méthodes d’éducation les plus diverses, les étudiant, les jugeant et y puisant avec tact et discernement ce qui lui paraissait le mieux convenir aux besoins de notre temps et de notre pays.

Il était entré dans l’inspection primaire en 1885. Il avait pour circonscription le VIIe et le IXe arrondissement de Paris. Voici comment M. Carriot, directeur de l’enseignement primaire de la Seine, a apprécié sa valeur professionnelle :

Il nous apportait, sous les dehors d’une grande modestie, le concours d’un esprit juste et droit, d’un dévouement à toute épreuve. Il avait une conception très nette et très élevée de l’enseignement primaire ; mais son robuste bon sens, son sens pratique l’empêchaient de placer son idéal trop haut ; il s’efforçait de le mettre à la portée de toutes les bonnes volontés, sachant que la perfection, si elle est de ce monde, ne s’atteint que par degrés. On ne pouvait le connaître sans avoir de l’affection pour lui. Son regard, son sourire, sa physionomies, avaient un charme pénétrant, parce qu’ils reflétaient la bonté de son âme. C’était en effet le meilleur des hommes. Il aimait ses fonctions ; il aimait ses instituteurs, il était heureux et fier de leurs succès ; il mettait à faire valoir leurs titres, à défendre leurs droits une douce opiniâtreté. Dans ces grands arrondissements de Paris où la vie scolaire est si intense, où maires, conseillers municipaux, délégués cantonaux, membres des caisses des écoles et des commissions scolaires, déploient tant de sollicitude pour nos élèves, il faut à l’inspecteur primaire beaucoup d’activité, de prudence et de tact pour combiner l’action de ces forces diverses avec l’action de l’administration sans conflit, sans froissement, sans dissentiment même. Sur ce terrain difficile, Defodon marchait d’un pas assuré. Son mérite, sa courtoisie, sa droite et ferme raison, sa bienveillance, sa bonhomie qui était comme l’épanouissement de sa nature loyale et de son esprit très délicat et très fin, lui avaient concilié toutes les sympathies et donné une autorité que nul ne songeait à lui contester. »

Ces sympathies, cette autorité, nous en avons une démonstration dans l’élan du corps de l’enseignement primaire qui a porté M. Defodon