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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1891.djvu/360

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REVUE PÉDAGOGIQUE

fique, la Nature, etc. ; les instituteurs se transmettaient assez rapidement ces publications et seraient ainsi tenus au courant de ce qui se fait et se dit d’intéressant dans notre pays. Peut-être aussi l’intérêt qu’ils ne manqueraient pas de prendre la lecture de ces revues les familiarisait-il avec la bibliothèque pédagogique et les disposerait-il à utiliser les autres ressources qu’elle renferme.

Amener l’instituteur à se servir de la bibliothèque pédagogique est en effet l’essentiel, on n’aura rien fait tant qu’on n’aura pas obtenu ce résultat. Le motif le plus souvent invoqué par les instituteurs pour justifier leur abstention à l’égard de la bibliothèque pédagogique est la difficulté des communications. Il faut reconnaître en effet que les frais de transport par la poste sont élevés ; il serait à désirer que les instituteurs jouissent de la franchise postale pour correspondre avec la bibliothèque pédagogique de leur canton. Mais cette difficulté ne se présente qu’à la campagne, et elle n’arrêtera jamais un instituteur désireux de s’instruire. La véritable raison qui empêche la plupart des instituteurs d’utiliser la bibliothèque pédagogique est leur peu de goût pour la lecture. C’est cette indifférence que l’inspecteur primaire doit combattre. Un peu d’activité, de l’énergie et quelques procédés ingénieux y suffiront souvent. Les conférences pédagogiques l’aideront puissamment dans cette partie de sa tâche.

C’est déjà un grand point d’obtenu que cette plainte si générale de l’abandon où sont laissées les bibliothèques pédagogiques. Du moment qu’on s’en aperçoit, qu’on le déplore, qu’on cherche les moyens d’y remédier, on est près de la guérison. La vigilance des inspecteurs primaires, les conférences pédagogiques, une généreuse émulation entre les maîtres, voilà des instruments excellents pour rendre la vie aux bibliothèques pédagogiques. Il y a lieu d’espérer aussi que les nouvelles générations d’instituteurs et d’institutrices auront pris dans nos écoles normales le goût et l’habitude des bonnes lectures, l’ambition du progrès, l’amour de leur belle tâche et le désir de se rendre de plus en plus capables de la bien remplir. Quand on comprendra bien que les bibliothèques pédagogiques peuvent contribuer pour une très grande part à améliorer la pratique même de l’enseignement, leur cause sera définitivement gagnée auprès de tous les maîtres.

J. S.[1]

  1. Note de Wikisource : Attribué d’après Persée à Jules Simon mais pourrait être de l’œuvre de Jules Steeg ou d’un autre.