Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1891.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
349
LES BIBLIOTHÈQUES PÉDAGOGIQUES

la lecture, qu’on les y amène au besoin malgré eux, et les bibliothèques pédagogiques seront fréquentées, même sans contenir des romans et peut-être un peu parce qu’elles n’en contiendront pas.

Un autre professeur d’école normale, M. Hauduroy, à Rennes, nous écrit :

La bibliothèque pédagogique doit renfermer une collection aussi complète que possible des ouvrages classiques édités pour les écoles primaires et les classes élémentaires des lycées : instituteur peut ainsi choisir avec connaissance les livres qui peuvent convenir à ses élèves. Il serait fort utile de joindre à cette section de la bibliothèque pédagogique une annexe renfermant toutes les parties du matériel scolaire qu’il serait possible de se procurer, des appareils divers pour l’enseignement scientifique, un musée scolaire pouvant servir de type pour les musées du canton, et beaucoup d’autres objets encore que les instituteurs, les nouveaux surtout, seraient heureux de connaître, pour se guider dans leurs achats ou se diriger dans leur enseignement. Ce serait un musée pédagogique en miniature, mais suffisant pour les besoins restreints en vue desquels il serait créé ; les instituteurs pourraient d’ailleurs l’enrichir eux-mêmes quel est celui qui n’a trouvé dans sa classe quelque procédé particulier, quelque dispositif ingénieux dont tous ses collègues peuvent faire leur profit ? On peut croire que le jour de la conférence pédagogique cette partie de la bibliothèque ne serait pas la moins visitée.

Tous les livres et les objets dont je viens de parler se rapportent exclusivement à la profession de l’instituteur ; ils doivent constituer la partie fondamentale de toute bibliothèque pédagogique. Doit-on leur adjoindre des livres d’études pour l’instituteur et des ouvrages récréatifs ? La question est controversée. Il est certain que l’instituteur ne peut se contenter toute sa vie des études qu’il a faites pour préparer ses brevets ; il doit constamment chercher à compléter et a perfectionner ses études sous peine d’oublier la meilleure partie de ce qu’il a appris ; il doit encore s’ouvrir de nouveaux horizons en littérature et en art, s’élever par le commerce des historiens, des moralistes et des poètes ; mais est-ce bien la bibliothèque pédagogique qui doit fournir à l’instituteur le moyen de cultiver ainsi son esprit ? Je crois qu’il y a une distinction à faire à ce sujet entre la bibliothèque des villes et celles des chefs-lieux de canton peu importants. La plupart des villes possèdent une bibliothèque publique, donnant à chacun les moyens de s’instruire bien mieux que jamais une bibliothèque pédagogique ne pourra le faire avec ses ressources restreintes. Il n’y a dans ce cas aucune raison sérieuse de faire dévier la bibliothèque pédagogique de son but spécial.

Il n’en est pas de même à la campagne, où les bibliothèques publiques, quand elles existent, sont pauvres ou ne contiennent que des livres démodés. La bibliothèque pédagogique est alors la seule bibliothèque sérieuse qui soit à la portée de l’instituteur. Il lui faudra donc y trouver tous les ouvrages nécessaires au perfectionnement ou simplement à l’entretien de son instruction. Il serait même désirable alors que chaque bibliothèque pédagogique reçût quelques revues périodiques telles que la Revue politique et littéraire, la Revue scienti--