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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1892.djvu/127

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L’ENSEIGNEMENT CHEZ LES INDIGÈNES MUSULMANS D’ALGÉRIE

Pour trouver encore des écoles laïques de filles, il nous faut aller dans la Petite-Kabylie, où Djidjelli possède une école enfantine, et à Bougie, où il y a une école pour les fillettes d’âge moyen. En y ajoutant celle des Boghar, en territoire militaire, et celle de Constantine, je crois bien que ce sont les seules de l’Algérie.

Celle de Bougie, qui compte deux classes, aurait des chances de succès, car les parents musulmans y envoient assez volontiers leurs enfants. Malheureusement, quoique de construction assez récente, elle est mal établie, sur une terrasse sans arbres, glaciale en hiver, torride en été. La municipalité, bien que le maire porte les insignes d’officier d’académie, semblait faire bien peu pour cette école. On laissait à la charge d’écolières qui vont pieds nus les livres et les fournitures de classe. Elle est cependant fréquentée par une trentaine de fillettes, Arabes ou Kabyles, et par quelques petits garçons dont les plus âgés ont sept ou huit ans. On m’assure que les indigènes choisissent volontiers des épouses parmi les élèves sorties de cet établissement : ayant appris un peu de français, plutôt par le contact avec les Européens que pour avoir suivi des classes, ils apprécient chez leurs femmes une connaissance plus approfondie de cette langue, et sont fiers de les voir s’entretenir avec les dames chrétiennes qui visitent leur harem.

Dans la vallée de l’Oued-Sahel, comptons les deux écoles préparatoires de la commune mixte d’Akbou, les sept écoles du même type dans celle de la Soumam, celle des Beni-Mansour, installée dans le vieux bordj dont les portes ont gardé la trace des balles kabyles de 1871 ; comptons les dix élèves musulmans de l’école française de Seddouk, les onze de celle d’Akbou, les seize de Bordj-Menaïel, les soixante-neuf de celle de Bougie, et nous aurons passé en revue tout ce qui concerne l’enseignement indigène dans la Grande-Kabylie et les cantons voisins. Dans cette région nous avons donc trouvé neuf ou dix écoles françaises recevant un contingent appréciable d’élèves indigènes, et vingt-neuf écoles de différents types qui leur sont spécialement destinées : c’est un total d’environ 1,800 écoliers effectivement présents sur les bancs.