Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1892.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
118
REVUE PÉDAGOGIQUE

Le contingent scolaire de la région est peut-être le plus fort de la colonie : il forme presque le cinquième de l’effectif pour l’Algérie entière.

À ce chiffre de 1,800, il convient d’ajouter 150 à 200 élèves fournis par les écoles des Pères Blancs et des Sœurs de Notre Dame d’Afrique, placées sous la direction immédiate du cardinal Lavigerie. Les Pères possèdent, en Kabylie, six écoles de garçons (à Aït-Larba, chez les Beni-Yenni ; à Ouazène, chez les Beni-Menguellet ; à Taourirt-Abd-Allah, chez les Beni-Ouadhia ; à Tague mount-Azouz, dans les Issers ; à Bou-Nouah, chez les Aït-Ismaïl ; à Iril-Ali, chez les Beni-Abbès). Les Seurs ont deux écoles de filles : à Djemâa-Sahridj, où elles ont succédé aux Pères Blancs qui eux-mêmes avaient pris la place des jésuites, et à Taourirt-Abd Allah, chez les Bepi-Ouadhia. Je crois que les Pères ont songé à ouvrir une école chez les Beni-Mendès, dans la commune mixte de Dra-el-Mizan.

En général, les écoles des Pères Blancs, quoiqu’elles comprennent parfois deux classes, et qu’elles soient toujours dirigées par trois religieux, ne s’élèvent pas en Kabylie au-dessus du niveau de nos écoles préparatoires ; mais ce n’est déjà point à dédaigner.

Leurs élèves indigènes ne sont pas aussi nombreux qu’on serait tenté de le croire, bien qu’ils puissent user à leur égard de moyens d’attraction dont nos écoles sont en général dépourvues : faculté de prendre des pensionnaires ; cantine scolaire pour les élèves venant de villages éloignés ; pharmacie bien outillée à l’usage des élèves et des parents ; distribution de vêtements, récompenses en argent.

L’élève kabyle préfère les écoles « du gouvernement », du beylik, comme il dit.

Cependant le temps est passé où une lutte assez ardente, peu après l’expulsion des jésuites et leur remplacement par les Pères Blancs, s’était engagée être ceux-ci et l’autorité civile, notamment à Aït-Larba et Djemaa-Sahridj. Les rapports se sont fort améliorés. On ne cherche plus, de part et d’autre, à se prendre les élèves ; on comprend que le champ est assez vaste pour offrir de l’occupation à toutes les bonnes volontés. Les Pères rendent à la civilisation leur part de service ; ils ne risquent pas de transformer des musulmans en cléricaux, outre qu’ils ont