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NÉCROLOGIE

Mais il ne parle pas seulement d’un passé cher et regretté, il nous dit aussi quelques mots d’avenir. L’œuvre de Mlle Fleury n’est pas de celles qui durent un jour, elle est de celles qui vivent, car c’est dans les âmes qu’elle est fondée. Ses nombreuses élèves ont emporté dans la vie les germes de la haute et saine éducation qu’elles ont reçue ; et ces germes sont destinés à se répandre d’une génération à l’autre, sans jamais périr.

Dans sa condition de femme, sans rien perdre de sa délicatesse, de sa modestie silencieuse, sans sortir du devoir régulier, journalier, de la tâche absorbante, elle a travaillé, de manière efficace, à la grande œuvre du siècle ; elle a pour sa part contribué à l’émancipation et au rapprochement des esprits, au progrès moral, à l’avènement de l’avenir. C’est par les conquêtes individuelles que s’obtient la victoire finale ; c’est par le concours intelligent, dévoué et courageux de la femme que l’homme réussira à fonder la démocratie vraiment libérale, triomphe de la vérité sur la superstition, de la liberté morale, de la justice et de la vertu sur les bassesses et les férocités de l’égoïsme. Et c’est par l’enfant que cette œuvre commence ; c’est dans son âme que l’institutrice digne de ce nom en jette les premiers et les plus solides fondements.

Voilà pourquoi ce monument élevé à Mlle Fleury par ses amis et ses élèves reconnaissants nous permet, en nous souvenant d’elle, de regarder avec confiance vers l’avenir pour lequel elle a vécu. »