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SOUVENIRS D’INSPECTION

d’apprendre une page entière par cœur. Lors de mon dernier passage à l’école des filles de Roquesteron, dès que le livre des images a été ouvert, tout le monde s’est mis à parler, toutes les petites filles avaient quelque chose à dire. Auparavant nous ne pouvions obtenir d’elles aucune réponse satisfaisante, ni souvent même leur arracher un mot.

La leçon théorique d’écriture fait trop souvent défaut, quand les élèves ont entre les mains des cahiers préparés. Je tiens à ce qu’un exercice d’écriture à main posée figure au cahier tous les jours. Du reste, pour m’assurer que les conseils donnés le jour de l’inspection sont suivis, je me fais communiquer ensuite par la poste un certain nombre des cahiers de l’école.

Les exercices de composition française laissent bien à désirer comme choix et comme préparation. C’est en vue de fournir aux élèves de plus fréquentes occasions d’observer ce qui se passe autour d’eux et de parler de choses réelles, que j’ai mis en relation soixante écoles dont les élèves correspondent entre eux par mon intermédiaire, le 1er et le 3e lundi de chaque mois…

Bibliothèques scolaires. — Nous possédons 89 bibliothèques scolaires, renfermant 8864 volumes. Elles ont fait 6712 prêts en 1890, soit 923 de plus que l’année précédente. Je me suis arrangé de façon à être informé chaque mois du nombre de volumes qui ont été lus dans chaque école. Ce renseignement, que les maîtres sont tenus de me fournir, excite leur émulation et celle des élèves. C’est parmi ces derniers surtout que nous pouvons recruter des lecteurs. Les tentatives de propagande faites auprès des adultes ressemblent trop à une indiscrétion. C’est dans l’esprit de l’écolier qu’il faut éveiller le goût des bonnes lectures. J’engage les maîtres à faire en classe des lectures communes dans un livre spécialement choisi. Les enfants les goûtent beaucoup ; ils se plaisent à écouter des choses si différentes de celles qu’ils trouvent dans le petit livre qu’ils ont entre les mains, et dont l’intérêt est vite épuisé : ils attendent avec impatience la suite remise au lendemain. Quelques-uns d’entre eux veulent faire partager leur plaisir à la famille et nous procurent de nouveaux emprunteurs.

9 écoles avaient reçu en 1889 des ouvrages spécialement destinés à la lecture en commun, 36 autres ont été proposées pour un lot de même nature en 1890 et le recevront prochainement, grâce aux crédits votés par le Conseil général…

Conférences. — Nos conférences, en dehors des directions données aux maîtres assemblés, roulent exclusivement sur deux ordres de questions, l’une théorique et l’autre pratique : un travail écrit, qui est discuté en séance, et une leçon faite à des élèves, qui est ensuite appréciée par tous les membres présents. De 1886 à 1889, les réunions ont eu lieu deux fois l’an dans chaque canton, au printemps et à l’automne. Elles imposaient de réelles fatigues et des sacrifices