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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1892.djvu/46

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REVUE PÉDAGOGIQUE

pour lui, où son fils est si bien accueilli, il cesse d’être dépaysé : l’instituteur a pour lui les égards qu’on doit aux parents d’élèves, le faisant entrer partout, lui montrant et lui expliquant tout.

Et le montagnard réfléchit. Les mérites de la ligne droite se révèlent à son intellect ; il commence à comprendre ce que c’est qu’un seuil, une porte, une fenêtre, un tuyau de cheminée.

J’ai visité la Kabylie à dix ans d’intervalle, revoyant les mêmes demeures et les mêmes gens. J’ai été frappé des progrès accomplis. J’ai trouvé de vraies cheminées, des fenêtres avec des vitres, des lits à l’européenne, des tables sur lesquelles une nappe à peu près blanche était étendue, et sur les murs en pisé le portrait de M. Eiffel et le profil de sa tour.

Pour inculquer à n’importe quel peuple ce que nous appelons notre civilisation, il faut peut-être commencer par lui donner les mêmes besoins matériels que nous, éveiller en lui les mêmes idées de bien-être, de confort, de propreté, et de lignes régulières.

C’est par là, d’abord, que nous ferons de l’indigène un membre utile de notre communauté, un consommateur de nos produits et un producteur. Avec le désir du mieux, nous lui donnerons le goût du travail. Nous vaincrons son apathie ; nous lui apprendrons qu’il y a cent façons autres que la guerre sainte d’occuper son activité ; nous lui créerons des solidarités avec nous.

L’école « ministérielle », le « palais scolaire » aura son rôle dans la lente transformation des meurs indigènes. C’est une maison qui prêche.

(La fin au prochain numéro.)