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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1906.djvu/351

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LE MAÎTRE D’ÉCOLE SOUS L’ANCIEN RÉGIME

Recrutement des maîtres parmi le clergé. — Les premiers conciles du : moyen âge enjoignirent aux prêtres de tenir eux-mêmes l’école dans leur presbytère ou dans l’église de la paroisse. Bien que Charlemagne eût sanctionné cette obligation, les écoles de campagne furent bientôt délaissées à des « clercs », classe intermédiaire qui n’était plus laïque et n’appartenait pas encore au clergé. Les clercs trouvaient dans les fonctions de maîtres d’école quelques menus profits qui leur permettaient de subsister jusqu’à l’ordination.

La même considération de lucre explique la présence de membres du clergé séculier à la tête des petites écoles jusqu’à la Révolution. Ce clergé était nombreux, les décimateurs assez peu soucieux de leurs devoirs. Aussi une foule de vicaires et de prêtres se trouvaient-ils réduits à la portion congrue ou au produit aléatoire de quelques messes de fondations. Dans ces conditions, le revenu de l’école n’était pas à dédaigner. Ainsi expliquons-nous ce passage des Statuts d’Angers de 1680 : « Nous ordonnons que, dans les paroisses où il y aura plusieurs prestres, le dernier reçu sera tenu de faire cette fonction, si ce n’est qu’un plus ancien s’offre à le faire, lequel prestre sera tenu de se présenter devant nous pour être examiné sur sa capacité et recevoir notre approbation ». Un bourgeois de Reims, Oudart Coquault, écrit en 1658 : « La plupart d’iceux (des prêtres) üennent escole de petiz enfans, à l’ayde de quoi ils vivent et sans quoi ne pourroient subsister[1] ». Même constatation dans le Midi. Un correspondant de Grégoire lui écrivait du Gers en 1792 : « Les curés sont chargés de l’enseignement presque partout, parce que, à titre de régents, ils jouissent toujours de quelque métairie ou tout au moins de quelque grande pièce de terre qui suffirait au maintien d’une famille honnête[2] ».

En Bretagne, « des prêtres n’ayant qu’un faible revenu réunissaient autour d’eux les enfants des villages qu’ils habitaient. » En 1781, dans l’évêché de Quimper, sur 50 paroisses visitées par l’évêque, 18 étaient pourvues d’écoles, toutes dirigées par des recteurs ou autres prêtres de paroisse[3]. En

  1. A. Babeau, La ville sous l’ancien régime, p. 484.
  2. Gazier, Lettres à Grégoire sur les palais de France, p. 95.
  3. L’abbé Piéderrière, Les petites écoles avant la Révolution dans la province de Bretagne (Revue de Bretagne, août-octobre 1877, p. 217).