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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1906.djvu/462

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REVUE PÉDAGOGIQUE

ou manouvrier[1]. À Thomirey ; Côte-d’Or), en 1773, chaque laboureur paye 4 l. 2 s., les demi-laboureurs 2 l. 12 s., et les manouvriers 1 l. 10 s. À Saux, dans le même département, le manouvrier devait 16 s., la veuve 8 s., et le laboureur deux boisseaux de froment. Dans l’Aube, la cotisation variait de 3 à 10 sols par feu au commencement du xviiie siècle ; les manouvriers payaient moitié prix, et les demi-ménages, les veuves probablement, payaient 2 s. 6 d.[2].

En outre, le maître jouissait souvent des produits d’un jardin attenant à la maison d’école. En Normandie, il avait droit aux fruits du verger et à la coupe de l’herbe qui croissait parmi les tombes. En Lorraine, chaque habitant lui donne une gerbe de blé et une d’orge, avec une portion dans les bois comme un habitant, « laquelle les habitants qui ont des escolliers promettent de luy en charroyer chacun un chariot en le coupant et le façonnant[3] ». En lui accordant une parcelle de biens communaux, on pouvait déterminer le nombre de vaches ou de brebis qu’il devait y laisser pâturer. En Bourgogne, les maîtres d’école n’avaient aucun droit de cette nature, et ils s’élèveront en 1789 contre l’exclusion dont ils étaient les victimes à cet égard.

Cette répartition du traitement du magister sur tous les habitants n’était pas, comme on l’a dit, un premier pas vers l’instruction devenue un service public, en d’autres termes vers l’instruction gratuite comme on l’entend de nos jours. Ce traitement n’excluait jamais les droits d’écolage et rétribuait surtout le service de l’église. De là ces mentions particulièrement fréquentes dans le diocèse d’Autun : « Le maître d’école fait bien son devoir et n’a point d’enfants à enseigner[4] ». « Nous a été rapporté que dans ladite paroisse il y a un maître d’école et point d’écoliers[5]. » « Les enfants n’ont point d’éducation, quoiqu’il y ait un maître

  1. Marcigny-sous-Thil, 1776, et Montigny, 1757 (Charmasse, p. 189).
  2. Marolles, 13 septembre 1719 (Babeau, p. 25).
  3. Bagneux, 1713. Suivent les signatures des habitants. Le maître d’école devait ensuite obtenir l’agrément du curé qui le formula en ces termes : « Je consens au marché que dessus, à condition que ledit Benoît balaiera l’église toutes les semaines et tiendra l’école exactement depuis les semences Jusqu’à Pâques. » (Maggiolo, De la condition de l’instruction primaire et du maître d’école en Lorraine avant 1589, p. 10-11.)
  4. Sauvigny-le-Bois, 1640.
  5. Pouillenay, 1667.